Aaron Cross tu as fait exploser un loup pour sauver ta misérable peau, je te hais !

Qu’est-ce qui arrive lorsque des producteurs véreux veulent se faire du pognon sur une des grandes sagas d’action de ce début du XIXe siècle ? « Jason Bourne : l’héritage », faisant croire que tout était prévu depuis le début, qu’en fait il y a plein de choses qui vous ont été cachés dans la saga Bourne de Greengrass.

Sauf que n’est pas Jason Bourne qui veut. Auprès des fans comme des moins fans, le film n’a pas fait l’unanimité. Ils y croyaient pourtant.

Jeremy Renner est surement heureux d’avoir décroché le premier rôle de la suite de la saga Bourne, mais le montre mal. Aucune expression durant deux heures et quart. Il faut dire que jouer une grosse motte de muscles qui ne pense qu’à tuer ne constitue pas un rôle de composition. Plus que l’acteur, c’est le cascadeur présent dans les scènes d’action (quasiment tout le film quoi) qui devrait avoir son nom écrit en gros sur l’affiche. Dommage que ça ne soit pas assez "bankable".

Rachel Weisz est jolie, les rôles de femme intelligente lui collent à la peau. Voir que son personnage ne se limite pas au quota de drame et de romance me satisfait. Elle est vraiment utile à l’histoire. C’est même elle qui donne le final kick au vilain asiatique génétiquement modifié.

La courte présence d’Oscar Isaac mérite aussi d’être signalée. En effet, alors que l’acteur n’apparaît pas plus de cinq minutes cumulées à l’écran, son personnage est celui qui tire son épingle du jeu. C’est assez étrange d’ailleurs de déceler tant de mystères dans un protagoniste secondaire comme le sien. Cela laisse penser que les scénaristes avaient prévu quelque chose pour lui, quelque chose d’autre que de le faire exploser si vite dans sa cabane au fond des bois j’entends. Sinon pourquoi laisser planer le doute sur lui, sur les raisons de son exil, sur son passé amoureux ? Peut-être est-ce juste que je m’emballe et que j’aurais aimé voir un peu plus d’Isaac dans ce « Jason Bourne » raté.

Là où ça commence à devenir problématique, c’est qu’il n’y a pas qu’Oscar Isaac qui est sous-employé. Edward Norton de son côté cabotine dans sa salle de contrôle avec tous ses inférieurs hiérarchiques. Son personnage ne sert à rien. Il passe son temps à parler, sauf dans une scène flash-back inutile. Si encore ses babillages étaient dignes d’intérêt. Il donne l’impression d’être là juste pour situer le film vis-à-vis de la trilogie de Paul Greengrass.

Si les acteurs ne sont pas convaincants, que dire de l’aspect technique de l’œuvre ?

Pour un film d’action, les trente premières minutes sont incroyablement bavardes, et donc... on s’ennuie. Lorsqu’enfin l’intrigue se lance, c’est avec déception que l’on découvre que le prétexte servant de scénario repose sur une simple chasse à l’homme. Rien de plus, rien de moins. Qu’attendre de plus de la part d’un film imaginé simplement pour recevoir des billets verts ? Dixit la rubrique "Le saviez-vous" d’Allociné, les producteurs ont rapidement cherché à donner une suite à la saga des Bourne dans la peau. Le challenge tenait en une phrase : "Que faire maintenant ?". Et pourquoi ne pas laisser la saga en paix ?

Et pourquoi pas engager un chef monteur qui fasse bien son boulot aussi ? Celui-ci est incroyablement mauvais. Ce n’est pas quelque chose que je remarque aisément. Il n’y a que lorsque c’est très mauvais que cela saute aux yeux. Un exemple, le plus marquant parmi de nombreux autres. On interrompt brutalement une scène de tuerie dans un labo (dans le genre tout le monde vient de mourir, plan dramatique sur Rachel Weisz sous le choc) par un véhicule roulant pépère au son d’un bon vieux hit country. La musique s’étant enclenchée PENDANT les derniers instants du plan dramatique bien sûr. Tony Gilroy souhaite tellement le faire son film d’action bourrin décervelé qu’il ne laisse aucune place à l’émotion. J’ai bien dit aucune. De toute façon, les personnages étant indignes d’intérêt, il aurait été difficile de ressentir de la peine pour eux.

L’action est rondement menée, il n’y a plus de place laissée à l’ennui lorsque la traque de Cross débute. Les péripéties se suivent sans mal jusqu’à la poursuite finale. Assez sympathique au début, elle revient rapidement lassante. Quinze minutes qui en paraissent trente. Course à pieds, course à moto, poursuivis par les flics, poursuivis par le type bizarre sur lequel on n’aura jamais d’explications...

Tout ça pour un final bâclé. Pourquoi donne-t-il l’impression d’être bâclé ? Les héros sont encore en fuite, ou peut-être pas finalement vu qu’on ne sait pas trop qui veut la mort d’Aaron Cross. L’asiat’ est mort, ou peut-être pas après tout vu qu’il s’est relevé avec deux balles dans le corps. Sans la gentillette scène du bateau, on aurait vraiment attendu une suite.

Certes, j’aurais surement mieux compris le film si j’avais daigné m’intéresser à la saga Bourne au préalable. Il n’empêche que « Jason Bourne : l’héritage » ne facilite pas la compréhensibilité globale, autant au niveau de la trame générale de la saga qu’au niveau de la petite vie mouvementée de l’agent Cross. Pour un film d’action vu individuellement, ce n’est tout de même pas terrible.

Critique susceptible d’être modifiée après visionnage des films de Paul Greengrass.
mewnaru
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le 27 juil. 2014

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mewnaru

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