En 1933, c'est le bordel dans l'Université de Kyoto. Entre la montée des marxistes au sein de la fac et les remous que la Mandchourie entraîne dans les milieux anti-militaristes, le gouvernement doit faire le ménage...

Yukie est la fille d'un professeur mis sur la touche, elle traîne avec les étudiants du paternel et tout particulièrement avec deux jeunes gens aux caractères bien différents : d'un côté un gentil tout mou de convictions fragiles, de l'autre un gauchiste zélé qui la rabroue sans vergogne.

Alors, pour une fois, Kurosawa se concentre sur une héroïne, et nous entraîne, déjà, là où on ne l'attend pas. 1946, modèles démocratiques de l'occupant, vague idéal de libération dans la défaite, Kuro traite d'un sujet rare, et fait la critique du régime japonais d'avant-guerre à travers un magnifique portrait de femme.

Setsuko Hara est absolument fascinante dans ce film, bien loin des jolis personnages graciles de chez Ozu. Pour elle, on oublie quelques longueurs, quelques lourdeurs, des maladresses qui perdurent... Kurosawa, pour son sixième film n'est pas encore dans le gros de son oeuvre, il n'impose que partiellement sa marque, mais quelque chose commence à poindre.

A l'époque, le film connut un véritable succès public, au point que le titre du film entra dans le langage courant comme une expression populaire... Faudrait que j'essaie de sortir "waga sheishun ni kui nashi" à la prochaine nippone que je croise, moi, juste pour voir...

Deux ans plus tard, Kuro rencontrera Toshiro pour faire passer son oeuvre dans une toute autre dimension, mais déjà, on profite de quelques secondes de Shimura, et de quelques plans magistraux. Et on s'oublie sans fausse honte à contempler la belle Setsuko, les pieds dans une rizière.

Finalement, ce n'est pas si mal que Ceux qui bâtissent l'avenir soit absolument introuvable, parce que sinon, qu'est ce qui me restait à attendre de la vie, moi ?

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le 28 oct. 2012

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Torpenn

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