A la base, Joe’s Apartment est un court métrage de moins de 5 minutes diffusé sur la chaine MTV en 1992 qui rencontra un petit succès, gagnant même des prix dans des festivals et réalisé par John Payson. Quatre ans plus tard sort dans les salles américaines son adaptation en long métrage par le même réalisateur et contre toutes attentes, le film est un échec cuisant, aussi bien public que critique, se vautrant au box office en rapportant moins de 5M $US alors qu’il en aura couté 13, sortant du coup en DTV dans bon nombre de pays sans passer par la case cinoche. Le film n’est pour autant pas mauvais, bien au contraire… Seulement, son humour assez particulier et sa critique ouverte du modèle social ricain a du en déstabiliser plus d’un.

Pour rentrer dans le vif du sujet, parlons tout d’abord du vrai personnage principal du film, les fameux cafards. Il faut savoir tout d’abord que même si la majorité des scènes où ils sont mis en scène sont en image de synthèse, pas loin de 5000 vrais cafards ont été utilisés pour les besoins du film. Certains acteurs comme Megan Ward ont tout bonnement refusé toute scène avec des vrais cafards, obligeant le réalisateur à faire appel à une doublure, mais d’autres comme le héros Jerry O’Connell n’ont pas hésité à donner de leur personne allant même lors d’une scène jusqu’à accepter d’avoir deux cafards vivants dans la bouche.
Ces cafards sont à l’origine de toutes les scènes comiques du film, des scènes souvent complètement barrés en mode over the top. Ils parlent, chantent, dansent (les chorégraphies sont à mourir de rire), disent des obscénités, font un balai aquatique dans l’eau dégueulasse de la cuvette des toilettes, ils naviguent sur l’eau à l’aide de petits bateau de bain, s’incrustent absolument partout telle la vermine qu’ils sont,… C’est simple, on nage dans un nawak absolu à tel point qu’on regarde chacune de leurs interventions bouche bée , les yeux écarquillés, en se demandant ce qu’ils ont bien pu fumer pour arriver à mettre en bobine des choses pareilles. Mention spéciale à la chaine télé spéciale pour les cafards où ils diffusent des pornos pour cafards.
C’est souvent complètement con, régulièrement très pipi-caca, pas toujours de très bon goût, mais pour peu que vous adhériez à l’humour, c’est un festival. C’est certain que cet humour pourra en irriter certains, tout comme ces voix gonflées à l’hélium dont ils se voient affublés, mais tout de même quel grand joyeux bordel !

Là où le film a du dérouter bon nombre de critiques américains, c’est de part la satire sociale qui est faite de leur pays. On y voit clairement une critique sociale de la vie new-yorkaise (de toutes leurs grandes villes en général), avec ces quartiers défavorisés où la violence règne en maitre à tous les étages, où les promoteurs immobiliers sont sans foi ni loi pour avoir ce qu’ils veulent, où les enfants défavorisés errent dans les terrains vagues avec des jeux aussi évolués que la construction de châteaux en seringues usagées, où l’humain est réduit à ses plus bas instincts allant jusqu’à laisser crever ses concitoyens à même le sol dans une marre de sang sans éprouver le moindre remord. Au milieu de tout ça, nos fameux cafards, présentés comme un être bien plus civilisé alors qu’il est normalement détesté. Et même lorsqu’ils essaient de tuer le personnage de Jerry O’Connell lors d’une scène rendant un joli hommage aux voyages de Gulliver (scène qu’on retrouve également dans d’autres films comme par exemple Willow), ils sont plus humains que la majorité des personnages du film.
La caricature est grossière certes car poussée à son paroxysme, mais pourtant tellement ancrée dans la réalité des choses. Les critiques américains habitués au patriotisme de leur cinéma, avec bien souvent ces ridicules drapeau posés toujours en arrière plan (quand ils ne sont pas bien visibles et flottent au rythme du vent), ont sans doute du avoir du mal à avaler la pilule de la maltraitance faite envers leur société capitaliste.

Joe’s Apartment, baptisé dans nos vertes contrées « Bienvenue chez Joe », est un film complètement déjanté qui va à 100 à l’heure, très clip dans l’âme et sans aucun temps mort durant 1h16 générique compris, qui ne fera certainement pas l’unanimité mais qui, si on accroche à l’humour, s’avère être un sacré divertissement. Moi j’adhère à fond.
cherycok
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le 3 juin 2013

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