A l'heure où l'on propose les premiers smartphones pliables à prix prohibitif à un public, de plus en plus inflexible, lui, ce dernier semble avoir quelque peu oublié "John Carter", pourtant sorti une petite paire d'années seulement avant la dernière version du téléphone à croquer. Est-ce qu'un simple logo en forme de pomme sur l'affiche aurait pu sauver "John Carter" de l'échec commercial ? Aucun élément de réponse à suivre, mais parlons plutôt du film.

LE CARTER AMERICAIN
L'oeuvre d'Andrew Stanton a beaucoup fait parler d'elle à sa sortie. Déjà, parce que quand le géniteur du brillant "Wall-E" prend les commandes d'une épopée SF/fantasy adaptée d'un livre acclamé, le spectateur a de quoi trépigner d'impatience. Aussi, parce qu'il a coûté plus de 250 millions de dollars, et accessoirement, qu'il a bidé au point sans doute, de sceller le sort de cette saga cinématographique morte-née (j'allais tenter un calembour avec une certaine Rebecca mais je préfère m'abstenir).

Tandis que Disney alignait les billets verts, le père Andrew n'a pas lésiné sur les images de synthèse. Et si dans l'ensemble elles sont de bonne qualité, on regrettera d'assister parfois à une véritable cinématique de jeu vidéo plutôt qu'à une oeuvre purement cinématographique, sans parler de certaines incrustations qui sont indignes d'une telle production. Un héros au physique avantageux, des effets en pagaille, des méchants très méchants, une romance pliée dès la première rencontre. Le cahier des charges "Blockbuster de chez Uncle Tom" est rempli. Ca manque de surprise pour me divertir.

CARTER FOR PRESIDENT
Mais l'un des gros bémol du film selon moi, c'est Taylor Kitsch. Cet acteur, qui à l'heure où j'écris ces quelques lignes, est en bonne posture pour avoir l'un des rôles principaux dans la saison 2 de True Detective rappelons-le. Remarquez, il rejoindrait Colin Farrell, Vince Vaughn, et Rachel Mc Adams. Les anglo-saxons ont un proverbe: "just when you thought it couldn't get any worse" (approximativement, "juste quand on pense que cela ne pourrait être pire"). Je ne vois pas punchline plus appropriée face à une telle news, mais ce n'est que mon avis. Passer après le tandem McConaughey-Harrelson est...oups, John Carter donc !

Pour en revenir à Kitsch, je suis victime du "syndrome de la moulasse". Pour faire simple, j'ai compilé un top acteurs que je trouve au mieux insipides (et au pire je vous dirai pas parce que c'est pas beau à voir). En haut du podium, Jake Gyllenhaal, champion toutes catégories, moulasse de prestige. On me pousse à visionner Jarhead et Donnie Darko pour me faire changer d'avis sur lui, et si j'ai réellement une certaine envie de découvrir ces oeuvres, j'avoue que ce n'est décidément pas pour le frère de Maggie (qui elle figure dans le "top moulasses" féminins, de belles idées de listes fleurisent dans ma tête tiens). Bref, en seconde position, Taylor Kitsch. Je trouve que ce mec ne dégage rien, en plus d'être un piètre acteur. Il se fait bouffer à l'écran dès lors qu'il y a un semblant d'acting à côté (même dans "Battleship", c'est dire !). Enfin, Channing Tatum. No comment. Ah pis y'a Shia hors compétition, mais je n'en pense pas moins. Voilà qui devrait vous éclairer sur le "pourquoi John Carter était mal barré d'office".

LE RETOUR DU JEDDAK
Pourtant paré d'un certain nombre de similitudes avec Star Wars, du fait d'inspirations communes, on pourrait s'attendre à voir débouler des "android" et un héros qui répondrait au nom de Sam Soong. Au lieu de ça, un running gag savoureux au sujet du nom du héros justement, une certaine cohérence artistique, une bande originale de grande qualité, quelques scènes somptueuses, dont une certaine bataille habilement construite, et puis un dénouement bien classe, il faut bien l'admettre. Malgré toutes ces qualités, le film m'aura déplu, pour tout le reste. L'univers, lui, m'aura fasciné. On sent que le matériau de base est solide, et après avoir vu ce "John Carter", j'ai d'ailleurs bien envie de me plonger dans le "Cycle de Mars" du grand Edgar Rice, ce Burroughs des coeurs.

Finalement, c'est un peu avec le même sentiment ressenti devant Elysium, que je termine ce visionnage. Si ce n'est que je préfère largement Matt Damon en tant qu'acteur. Du potentiel dans le matériau de base, du talent perceptible ici et là, par bribes. Mais un ennui qui n'a pu que poindre. En témoigne mon historique avec l'oeuvre. Première tentative, je dors au bout de 20 minutes. Quelques semaines plus tard, bien préparé, je le retente. Cette fois, je le vois en entier, non sans avoir coupé à trois reprises le film pour faire une pause. Lynn Collins m'aura presque autant exaspéré que Taylor Kitsch, c'est dire. On peut toujours être philosophe et s'imaginer que cela aurait pu être pire. On aurait pu avoir un John Carter encore moins charismatique. Et puis dans le rôle de Dejah Thoris, je sais pas moi, une ex-star du porno, le tout dans un film totalement fauché et voué à être oublié encore plus vite...oh wait !
http://www.imdb.com/title/tt1531911/?ref_=nv_sr_1

Si le déroulement des évènements ne m'a guère passionné, je retiendrai simplement de "John Carter" que sur le plan visuel et sur écran large (et rigide), le film fait le jobs.
Gothic
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le 27 sept. 2014

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