Final cut.
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Tous les Tarantino sont des films d'amour, celui ci encore plus. Des films d'amour contrariés, déviés de leur dessein initial. C'est la première fois que je vois dans Kill Bill autre chose qu'un déchaînement cathartique - toujours aussi réjouissant par ailleurs. Il y autre chose qui palpite en secret, sous ces deux personnages qui ne se retrouvent qu'à la fin. L'amour de Bill pour sa petite Kiddo, son petit lapin fragile qui a essayé de quitter son nid. Mais quand elle vient le tuer, elle vient aussi lui dire qu'elle l'aime. La scène est absolument magnifique. La parole est riche, profonde, complexe, tout se recoupe, tout fait sens. Tarantino ne l'a jamais aussi bien filmé qu'à ce moment là. Le second volume est de ce fait l'un de ses plus beaux films.
Kill Bill est aussi le portrait troublant d'une femme qui se dérobe vers sa maternité - deux choses contradictoires que Tarantino met en scène de façon stupéfiante. C'est en tuant que Kiddo revient vers sa fille. L'amour maternel est solitaire. Pendant quatre ans, Béatrix était morte, si elle revient, c'est pour combler ce vide, prendre cette place, tuer le père. Le père ou la mère doivent mourir, c'est comme ça, et ça n'a pas d'autre sens que cela. Tarantino a sa propre morale et sa façon de filmer l'amour. C'est la même mythologie qui est posée là, celle de son chef-d'oeuvre Jackie Brown, et qui tient sur les épaules d'une femme qui s'en va quêter son secret - et sa liberté. Les deux films ont un rapport compliqué avec l'amour. La même trajectoire : celle qui ressemble à un repli (sur le couple, sur l'enfant à élever) mais qui est à la fois beaucoup plus que cela - un geste, d'une grande générosité, pour se sauver soi-même et les autres (quand Kiddo apprend qu'elle est enceinte, elle s'enfuit). Ils ne sont mus que par cette force là : lâché dans l'environnement fou de leur cinéaste, ils sont emportés dans le tourbillon de l'amour tarantinien - jouissif et complexe. L'amour tue, l'amour sauve. L'obscénité devient art, l'épanouissement ne naît que de la revanche et du crime : Tarantino est bien le plus grand cinéaste subversif de notre époque.
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Créée
le 10 avr. 2015
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