Rhabillez vos frères Cohen, Tarentino et autres Paul Thomas Anderson, William Friedkin vient de me dépuceler du génie cinématographique.
Ce n'est pas tant le sang qui gicle ou cette vieille odeur de redneck sex qui en fait le chef d'oeuvre de l'année. Je mise plutôt sur l'intelligence des plans, des scènes, où les clichés du genre se bousculent pour devenir purement ironiques. Friedkin se fout de sa propre gueule mais le fait d'une manière fantastique, et on rit de ces mises en scène de cowboy, et on rit de ces losers de texans qui n'ont d'autre moyen de se sortir de leur crasse que de faire buter leur propre mère pour toucher l'assurance-vie. Et l'ombre du chapeau de Matthew McConaughey rôde, lui qui réalise une performance incroyable, toute en machoire crispée et cliquetis de Zippo, entre psychopate et vrai-faux méchant, l'oeil qui fait mal, posé sur les hanches d'une Juno Temple hallucinée (comme à son habitude), entre un Thomas Harden Church qui se pisse dessus et un Emile Hirsch défiguré, pendant que Gina Gershon embrasse de son énorme bouche une cuisse de poulet frit. Somptueuse, grandiose photo de famille. Mindfuck magistral. Apothéose de la mort du rêve américain.
Et puis, quand un film s'ouvre sur un minou bien broussailleux, c'est que la suite est généralement cocasse voire salace. Pari gagné, je n'ai jamais autant ri que devant ce que je peux appeler maintenant la plus grande scène de fellation du cinéma américain.
NB : le film remporte quand même la palme du plus mauvais trailer de l'année, qui ne correspond EN RIEN à l'ambiance du film. Alors si la B-A ne vous a pas parlé, allez le voir quand même. C'est entièrement différent et nettement plus drôle que ce qu'on a voulu montrer.
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