SVP, qui dit le bénédicité ?
Pour pas cher...
Pour pas cher, Joe bute ta mère ou ta femme si t'as besoin de récupérer la prime d'assurance vie, et fait ça bien proprement.
Il a juste besoin d'une caution...ta p'tite soeur par exemple.
Si c'était pas dit, hormis sa plaque qu'il broche à la ceinture, on pourrait pas savoir que Joe est flic.
Un flic qui a la classe, un tueur à gage au sang froid, le tout dans le même personnage. Les bornes du métrage sont posées et déjà on sent l'atmosphère s'assombrir, devenir dérangeante puis immorale...mais même dans les pires situations Joe garde la classe.
- Killer Joe - est un film dur qui parle d'une ignoble embrouille au pays des bouseux. Ca pourrait balancer de la violence à tout bout de champ, déblatérer des familiarités et péter de la tronche à la moindre occasion, mais force est d'avouer que le scénario est un peu plus fin et qu'il est aussi bien pensé.
- Killer Joe - c'est d'abord des personnages singuliers. Une famille réunie sous le même toit de tôle mais qui peut pas se blairer. Ancel le père, fringues sales complètement à la masse est le parfait looser, Sharla la petite malhonnête de belle-mère collectionne des photos douteuses, mais il y a tout de même l'amour du frère pour sa soeur un peu niaise ou peut être seulement trop jeune pour toutes ces conneries, qui nous fait dire que tout en ce monde n'est pas absolument pourri.
Le récit est brutal, à l'image de Joe, prédateur en puissance, psychopathe à la perspicacité dévastatrice.
Outre l'idée du magistral personnage qui faut pas faire chier, il y a quelques supers plans qui rappellent le genre western, et ce n'est pas anodin si Joe porte un chapeau, des bottes de cuir et une ceinture cloutée.
La mise en scène fait preuve d'une sensibilité particulière en mélant les éléments du décor au récit pour accroître l'impact visuel et réveiller les émotions. Il pleut souvent, comme pour renvoyer l'inconfort de l'histoire et les gigantesques éclairs qui déchirent le ciel présagent de la violence prochaine.
La BO immersive sait aussi s'effacer dans les moments clés, c'est alors des séquences de huis-clos mémorables qui éclatent à l'écran.
Le scénario tient en haleine grâce à une sacrée dose d'humour cinglant qui parvient à éclipser la brutalité de l'image tout en ajoutant du piquant à ce film remarquable.
Il y a particulièrement tout ce qui se passe hors champ, ce qui est tombé au montage pour laisser au spectateur un condensé puissant.
Rex par exemple, dont on ne voit jamais le visage, est un personnage central pourtant effacé mystérieusement par notre tueur silencieux que l'on aime désormais, car même si Joe est un enfoiré, il respecte toujours ses engagements.