Ne faisons pas durer le suspens plus longtemps avec une introduction aussi longue qu'inutile : "Killer Joe" est un putain de film qui déchire sa race.
A presque 80 ans Friedkin montre qu'il en a encore sous le capot. Dans la forme c'est absolument irréprochable. Une réalisation maîtrisé, une ambiance à mis chemin entre le film noir et le western, une photo absolument magnifique et un casting qui fait bien son boulot.
Killer Joe n'est pas à mettre en toutes les mains. C'est violent, c'est trash, c'est malsain. On y suit l'histoire d'une famille de Redneck (et quand je dis "redneck", c'est genre "redneck puissance 10") vivant dans une caravane pourrie au beau milieu du Texas et qui vont faire appel à un tueur à gage pour tuer la mère et toucher l'assurance vie. Forcément, rien ne va se passer comme prévue.
J'ai vue dans une interview de Friedkin, que ce dernier regrettait que l'industrie cinématographique américaine se sente obligé d'édulcorer son contenu pour être accessible au plus grand nombre, et générer ainsi plus de profit en salle. Ce qui est sur, c'est que Friedkin n'a pas édulcoré son film (l'interdiction au moins de 12 ans est d'ailleurs discutable). Certaines scènes sont d'une violence psychologique rare. Notemment cette séquence incroyablement longue et déstabilisante où McConaughey oblige Gina Gershon a pratiquer une fellation sur un morceau de poulet frit.
Le seul reproche que l'on pourrait faire à "Killer Joe", c'est justement de trop en faire sur le coté trash. Les personnages sont tellement caricaturaux, la violence est tellement exagéré, qu'elle dessert finalement le propos dramatique du film. Il y a comme une sorte de second degré permanent assez regrettable pour un film noir.