Déjà dix ans que L’Âge De Glace fait partie du paysage cinématographique du monde de l'animation. Disons qu'avec le succès du premier, il aurait été dommage que 20th Century Fox, qui en était à son premier essai pour un film animé par ordinateur, se prive d'une franchise aussi rentable. Ainsi, malgré un second épisode en berne sur fond de fonte des glaces, et un troisième de haut niveau aux faux airs de Voyage Au Centre De La Terre, ce quatrième volet explore, comme son nom l'indique, la dérive des continents, de nouveau une période phare dans la modélisation physique de notre planète. Et, cette fois-ci, plus de Carlos Saldanha à la réalisation, contrairement aux trois épisodes précédent, mais le duo Steve Martino et Mike Thurmeier. On retrouve également Michael Berg au scénario, qui était déjà présent sur les deux meilleurs films de la saga, du tout bon en somme !

Et pourtant L’Âge De Glace 4 démarre très mal, avec un humour au ras des pâquerette martelé, tout juste bon à faire rire les mômes fans de Titeuf et autres dessins animés du même niveau. Les blagues sont puériles, les gags enfantins avec flatulences et renvois à la clés, et l'ensemble très peu subtil, avec des rouages aussi gros qu'un iceberg. Assez paradoxal pour L'Âge De Glace, les scènes de drôlerie sont réchauffées et prévisibles, et l'humour dans les dialogues jette davantage un froid, même s'il n'a plus grand chose de frais. On a donc des répliques bateau qui sous-entendent les évènements à des kilomètres ("C'est quand même pas la fin du monde", en tout concours de circonstance suivi d'un tremblement de terre). Restent la réinvention de certains mythes à la sauce Scrat, toujours amusante à voir, même si on finit souvent par en connaître l'issue. Les dernières scènes accueillent également des passages un peu plus convaincant au niveau humoristique.

Néanmoins, alors que les premiers épisodes faisaient un minimum d'efforts pour respecter tout l'environnement et le contexte préhistorique pour y glisser leurs trouvailles marrantes, ce quatrième épisode, dans sa globalité, n'est qu'une vulgaire transposition de notre société moderne en des personnages/animaux de l'époque où l'on retrouve fêtes, ados, problèmes de cœur, friendzone, etc... en gros, tout ce qui parle à la génération Twilight et aux marmots dans la cour de l'école primaire. D'ailleurs, une des intrigues secondaires met en vedette une jeune mammouth qui s'entend mal avec son père qui veut la protéger alors qu'elle préfère sortir pour draguer le pachyderme beau gosse. Difficile de rentrer dans un film qui affiche autant son public visé.

À part cela, le scénario traite de la dérive des continents, et donc comment notre joyeuse troupe (Manny, Diego, Sid) va encore subir des situations rocambolesque et nous entraîner dans une aventure peuplée de dangers et de rencontres. Visuellement, la franchise continue sa progression avec l'évolution des outils informatiques en proposant un films toujours plus riche en détails, en textures, et soigneusement travaillé au niveau de l'environnement et de l'animation. Le rendu des fourrures et des éclairages est particulièrement bluffant. Notons également un bon nombre de séquences spécialement conçues pour être rentables en 3D, notamment la dérive dans l'océan.

Comme à l'accoutumée avec les films de la saga, on croise diverses références, sauf qu'ici elles tiennent davantage lieu d'un manque d'inspiration et d'une repompe scénaristique cachée derrière ces clins d’œil que d'une histoire véritablement captivante. C'est alors Pirates Des Caraïbes qui a l'honneur de se voir redessiner à la sauce animaux préhistoriques, avec un Davy Jones qui a ici les traits d'un primate géant, meneur d'une bande de pirates voguant sur un iceberg armé. On a donc le droit à tout le pack prise d'otage, affrontement maritime, mutinerie, etc... Dans cet équipage se trouve d'ailleurs un smilodon femelle qui, bien évidemment, va capter l'intérêt de Diego. Mais l'histoire de cet amour impossible entre deux styles de vies opposés est bien trop mal traité et peu original. Par ailleurs, je dirai même que le film se la joue à la Disney, à un moment, en mettant en place toute une séquence de chant et chorégraphie par les personnages. Et il y a même les Chipmunks, il manque juste Alvin.

En fin de compte, L'Âge De Glace 4 n'a pas grandi en parallèle de son public, et on ne lui demandait pas spécialement pour conserver la mentalité de ses persos qui nous ont charmés dans le premier volet, mais on a surtout l’impression qu'il a bien régressé en récurant les fonds de casseroles de blagues vaseuses pour appâter un tout nouveau public qui pourra lui rester fidèle une décennie. Ou peut-être est-ce le public initial qui, avec dix ans de plus au compteur, n'est plus à même d'apprécier l'humour de la franchise. Pourtant ce n'est pas comme si on y avait le droit tous les deux ans, et je garde un très bon souvenir du troisième film bourré de références et très bien amené. Cet épisode marque donc le début d'une franchise qui n'a pas encore touché le fond, mais qui n'en est pas loin.
AntoineRA
4
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le 23 nov. 2012

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AntoineRA

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