Voici l'aigle des mers qui débarque ! De somptueux décors, des jeux d'ombre affolants, une photographie de Norbert Brodine majestueuse autant dans ses noirs tranchants des palais espagnols que dans ses teintes ocres sales style film muet dans la jungle de Panama...bref, le début impressionne fortement, comme tout luxueux film hollywoodien de l'âge d'or, mais avec un poil de surcharges supplémentaire....mais ce qui va étonner, surprendre, et pour une fois, rassasier les implacables cinéphages que nous sommes, c'est cette débauche d'action, de rebondissement, de lieux, de costumes et de moyens à un rythme plus vibrant que jamais. On nous a sorti le grand 8 des grands 8 d'époque, tout en bois craquelé et en acier oxydé mais il rugit comme un diable ! La machine infernale s'ébranle et à peine un quart d'heure après le début du film nous avons déjà droit à la bataille navale trop destroy qu'on avait attendu pendant presque deux heures dans Captain Blood....quelques minutes plus tard, les acteurs s'étrillent avec toute leur verve dans une situation des plus tendue, vivifiée par la musique fantastique d'Erich Wolfgang Korngold qui suit les canons de musique hollywoodienne d'époque en empruntant différentes sources...celles du ballet et de l'opéra grandiose...et avec un succès délirant, s'envolant en une myriade de pépiement qui battent la pellicule dans tout les sens. Puis il y a quelques plans sur un singe, petit personnage, ma foi...fort marrant, mesdames et messieurs. Ces grimaces ajoutent un plus aux tons surjoués de toute cette artillerie d'époque un brin désuète. Bref, la suite ne faiblit jamais, et bien que l'on verse parfois dans le kitsch, on ne tombe jamais dans l'ennui, un nerd moderne dopé aux blockbusters "cut ! cut ! cut !" pourrait même s'éclater devant ce film, c'est dire...et c'est bien, bien plus impressionnant, je le répète encore, que Captain Blood. Et on récupère un combat final à la Robin des Bois puissance 10. Voilà voilà, un vrai manège à fric, mais qui fait rire et voler les cheveux aux vent !