J'avais adoré 99 Francs. Réellement adoré.
L'inventivité et le rythme de la mise en scène de Kounen permettait de passer outre (et même d'accepter volontiers) la présence à l'image d'un auteur qui s'embrassait le nombril.
C'est la seule et unique chose qui m'a incité à jeter un œil à L'Amour Dure Trois Ans, bien que cinéphile infatigable mais souvent réfractaire à ce genre de cinéma francoparisien.

Sauf que je ne m'attendais pas à ce point à assister à un tel déballage de narcissisme débectable de la part de l'auteur, un cours universitaire sur ce qu'est l'amour, et ce qu'il ne doit surtout pas être.

Sous couvert de personnage loser, de fausse autodérision et d'un Gaspard Proust au jeu plein de naïveté (artifice pour faire passer n'importe quelle réflexion pleine de suffisance, en inoffensive élucubration), on contemple la vraie nature de l'auteur: un donneur de leçons qui a vécu suffisamment pour théoriser la seule chose au monde qui ne peut pas l'être.
Car même si (notamment en fin de film) il tourne en dérision ceux qui ont assez de temps libre pour théoriser sur la question, Beigbeder tombe dans le même piège, en sympathique mégalomane bobo.

Oui, il est sympathique, ce monsieur. Reconnaissons-le, dans le genre film parisien "romantique" (oui, je mets des guillemets, j'suis trop un dingue), il y a eu bien pire, parmi la montagne que l'on nous a servi cette dernière décennie.
Certaines répliques fonctionnent, et même le plus grand réfractaire peut se surprendre à sourire.

Mais le reste, c'est un étalage de petites vies bobos, sans aucun problème matériel (tous vivent dans de vastes appartements, sans que l'on apprenne le métier de la plupart d'entre eux). Tous sont bien sûr cools, jeunes dans leur tête... c'est à dire qu'ils portent des costumes, vomissent sur leur couette, et couchent à droite à gauche. L'argent c'est cool. Vous le savez, vous en avez, donc ça vous parle, non? Non, mais ça vous parle quand même? Euh... Ah.

Dans le genre donneur de leçons "d'amour-universel-regardez-nous-sommes-riches-nous-vous-apprenons-la-vie", ça reste pour moi plus supportable qu'un Love Actually. Uniquement parce que les blagues sont un peu meilleures.
Mais au moins, Love Actually ne tentait pas de mathématiser, de "scienciser" les relations amoureuses. Chaque histoire est différente, c'est ça qui doit les rendre magiques ou non. Pas les théories de vieux sociologues décrépis, ou d'écrivains imbus d'eux-mêmes.
Et c'est justement parce que j'assume sans honte mes côtés romantiques que je refuse de me faire dicter ma conduite par cette bande de trentenaires, presque tous plus détestables les uns que les autres.
Parce que si c'est à cela que je vais ressembler dans 5 ou 10 ans, merci de vite me filer une claque.


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le 20 janv. 2012

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