John, range tes figurines en caoutchouc et tiens un peu ta caméra !
Ouch...Telle a été ma pensée en revoyant l'antre de la folie, une excellente surprise lors des précédents visionnages, traitement cinématographique intéressant et relativement réussi des thèmes chers à Lovecraft (ce qui fait un peu exception, les autres portages étant de qualité inégale) : Sam Neill y est excellent en sceptique, Jürgen Prochnow mielleux, convaincu et convainquant. On retient une musique oppressante, quelques plans angoissants...
Mais également une prestation ennuyeuse et surjouée de Julie Carmen (potiche malgré le rôle plus important que Carpenter a voulu lui donner),des séquences "flashback" qui désamorcent beaucoup trop la sensation d'angoisse et quelques longueurs dispensables lors du début du film, notamment. En gros Carpenter a fait du Carpenter : il a posé les bases d'un film subtil, semé le doute , dispensé une inquiétude sourde très lovecraftienne...mais ne peut s'empêcher de vouloir le parsemer de séquences "choc" inutiles. Ce ne serait pas si grave si ces mêmes séquences ne faisaient pas très mal vieillir le film. D'où mon "ouch" du début. Pourtant, l'antre de la folie a de beaux restes, qu'il serait dommage de bouder. Il aurait mérité un traitement plus subtil, cela lui aurait permis de passer d'un statut de simple "bon film fantastique" à "indispensable" et de passer les années sans prendre une ride.
Pourtant, le propos est intelligent, le thème riche est plutôt bien traité si on se donne la peine de lire entre les lignes : fiction et réalité, frontière entre une célébrité et un gourou, fanatisme, chute des valeurs sociales...Mais il fallu que tout cela soit napé de cette sauce série B qui sans réellement gâter le goût, rend le film lourd.
Pour monsieur Neill, dont j'ai adoré la prestation et les plans de la cathédrale, notamment, je met un point de plus. Pour le caoutchouc qui vient gâcher la dernière partie (on est pas loin du craignos monster), je refuse de mettre plus de 7. Voilà un film qui mériterait un remake. Carpenter est décidément au cinéma fantastique ce que Spielberg est au grand spectacle : talentueux mais sale gosse avec ses jouets.