Si l'assassin habite au 21, alors au 22, voilà les flics !

Premier film de Clouzot, et première grande réussite ! Tourné en pleine période dite de l'Occupation, le film en porte les stigmates, ne serait-ce que par son tournage essentiellement en intérieurs. Cette sensation de claustration apportée à la fois par le contexte du tournage et l'action en elle-même fait que c'est un film presque étouffant, mais qui apportera durablement sa patte sur le film noir français.

Porté par des acteurs impressionnants, Pierre Fresnay et Suzy Delair en tête, je vois dans ce film une métaphore de la dénonciation, du crime déguisé, et vivre caché qui faisaient malheureusement rage à cette époque. Peut-être est-ce pour ça que Clouzot restera un homme frappé par le pessimisme, tout comme les personnages du film.
Attention, ce n'est pas que du noir, il y a aussi de la comédie, surtout grâce à Suzy Delair, mais l'enquête policière reste au coeur du récit, et de savoir qui est ce fameux Monsieur Durand. Car, autant vous prévenir, le film ne fait que 80 minutes, mais tient la gorge jusqu'à la dernière seconde. Dans le genre "pas un pet de gras dans le récit", on a rarement fait mieux.

Je suis un très grand amateur des films de Clouzot (notamment du Salaire de la peur et du Corbeau), et je suis ravi de voir que dès son premier coup d'essai, c'était déjà un coup de maître !