Un petit goût de trop peu
Ce film de Polonsky, cinéaste durement touché par les affres du maccarthysme, est un classique du film noir. Les qualités de l'oeuvres se repèrent assez vite. Il y a d'abord, dans ce film du rythme apporté en grande partie par le côté très court de l'oeuvre, qui amène le cinéaste à toujours avancer dans son récit. La réalisation est sobre, mais précise.
Au niveau des thèmes, l'oeuvre touche à plusieurs points. En vrac, la corruption du monde des affaires, un frère en aimant un autre alors que ce dernier en a toujours voulu au premier d'avoir réussi. Il y a cette tentative de rachat, de soulager sa conscience pour apparaître enfin comme quelqu'un de bien aux yeux de la famille. En gros, cet avocat, sachant qu'il participe comme les autres au monde véreux tente vainement de soulager sa conscience en venant en aide à son frère. Tandis que lui, cet avocat rencontrera l'amour et la femme qui tentera absolument de le faire sortir d'un monde dans lequel il s'enfonce de plus en plus. Certains y verront une oeuvre anti-capitaliste, sans évidemment que ça ne se transforme en propagande.
Le problème de l'oeuvre réside en mon sens qu'à force de vouloir aller trop vite, on reste perpétuellement en surface des choses que l'on veut montrer et cela se remarque essentiellement dans la psychologie des personnages, où le réalisateur n'apprend jamais à nous les faire aimer. Sur 1h18, ils restent pour nous constamment des étrangers. A noter que les acteurs sont corrects, mais qu'on n'a pas affaire non plus aux meilleurs de la génération. Il faut juste rappeler que l'acteur principal, John Garfield, souffrira lui aussi du maccarthysme au point de sombrer dans l'alcool.
En bref, une oeuvre avec beaucoup de qualités, mais avec un sentiment de trop peu, comme une impression qu'on aurait pu avoir un grand chef-d'oeuvre si le cinéaste avait simplement pris le temps.