Ce film et moi, c'est une longue histoire d'amour et haine. Tout commença lorsque FR3 diffusa le film en prime time dans les années 80, une chose impensable de nos jours, notre société étant devenue trop prude (version soft), du haut de mes 8/9 ans, j'ai pu le voir alors qu'il était interdit au -16 ans. Résultat, j'ai fini le film derrière le canapé tremblant dès que Linda Blair s'exprimait, suivi de quelques nuits blanches, un grand souvenir. Depuis ce film est devenu une sorte de traumatisme, mais comme je suis un peu maso, j'ai tenté de le voir plusieurs fois, j'ai même acheté le DVD (maso, je vous dis) et enfin pu le voir en entier, il y a dix ans mais avec toujours une légère angoisse. Par hasard, je suis tombé sur le roman de William Peter Blatty et comme je suis maso (oui, j'aime le répéter), je l'ai acheté et lu, ce qui m'a permis de faire une nouvelle nuit blanche au début, avec tout les souvenirs qui sont revenus frapper à la porte de ma chambre. Problème, après l'avoir lu, j'ai eu envie de le revoir et au final, il ne me fait plus aucun effet, j'ai vaincu l'angoisse lié à ce film, enfin!

Malgré le temps et des effets spéciaux kitsch, l'histoire me passionne toujours, pour la simple et bonne raison, elle est inspirée de faits réels. Oui, je suis du genre influençable et c'est surement à cause de ce film que je ne veux pas vivre dans une maison, pour éviter d'avoir un grenier qui pourrait abriter un esprit, tout comme je déteste les églises à cause de "Damien, la malédiction" et pour d'autres raisons plus intimes.
Bref, William Friedkin est un grand réalisateur des années 70, il vient de finir l'immense "French Connection" et se lance dans ce film d'épouvante avec William Peter Blatty au scénario, ce qui permet de ne pas dénaturer l'oeuvre originale, même s'il a du faire l'impasse sur certains personnages comme le personnel de maison. Rien de rédhibitoire, cela ne pénalise pas l'histoire qui se concentre sur la mère Ellen Burstyn et sa fille Linda Blair, future possédée, avec en parallèle le prêtre Jason Miller et le lieutenant Lee J. Cobb. Je n'oublie pas le grand Max Von Sydow, il ouvre et ferme le film, peu présent à l'écran, il plane sur l'histoire en permanence, un peu comme Anthony Hopkins dans "Le silence des agneaux".
Autre film dont je peux faire une similitude, c'est "Les dents de la mer" car comme dans celui-ci, ce sont les personnages qui font le film et non le démon (ou requin) que l'on voit peu, cela rend ses rares moments plus efficaces. La qualité du casting et de la réalisation confirme ma théorie, comme quoi un grand film d'épouvante se doit d'être réalisé par un grand réalisateur et avoir d'excellents acteurs, ce qui s'est souvent confirmé, même s'il y a toujours des exceptions.
Linda Blair n'est jamais énervante; un exploit quand on connait le propension des enfants stars à en faire des tonnes; une jeune fille pleine de vie dont on va suivre la transformation poussée à l'extrême, aussi bien physiquement que verbalement, Ellen Burstyn frôlant l'hystérie, frustrée face à sa fille, aux médecins, avant de se tourner vers l'église, alors qu'elle est athée, c'est dire le désespoir dans lequel elle se trouve. Le prêtre Jason Miller va les aider malgré le décès de sa mère, de sa perte de foi, plus un psychiatre qu'un homme d'église, je n'ai jamais compris l'absence d'une carrière pour cet excellent acteur, qui se lie d'amitié avec le lieutenant Lee J. Cobb, une sorte de Columbo qui parle de sa femme sans qu'on l'a voit, tout en étant un cinéphile, ce qui rend le personnage sympathique.
Le bien contre le mal résume l'histoire, un combat qui dure depuis la nuit des temps dont Max Von Sydow est un de ceux qui luttent depuis des années, et plus particulièrement contre le démon Pazuzu depuis des fouilles en Irak, avant de l'affronter à nouveau à New York avec l'aide de Jason Miller. Dommage que la perte de foi de ce dernier ne soit pas plus mis en avant, tout comme les églises vandalisées et un prêtre déviant, le livre étant plus dense avec diverses directions qui permet de semer le doute et les raisons sur la possession de Linda Blair.
Comme pour "2001, l'odyssée de l'espace", le film et le roman se doivent d'être vu et lu, l'un permettant à l'autre d'apporter plus d'éléments, de mieux comprendre les motivations et réactions de chacun, de mieux apprécier le film.

L'Exorciste reste un classique du genre, on a jamais fait mieux sur le thème de la possession alors qu'il date de 1974. Il a influencé de nombreux films d'épouvante, tout comme des parodies, sans oublier le thème de Mike Oldfield, lui aussi un classique du genre. Ses suites ne sont pas à sa hauteur, il est préférable de ne pas se les infliger et de rester sur l'oeuvre originale qui a peu perdu de sa superbe avec les décennies, mais n'en reste pas moins un excellent divertissement.
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le 13 avr. 2014

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Laurent Doe

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