J'écris surtout pour garder une trace de mon avis sur les films que je mate. Ces lignes sont issues de mes notes et je ne prétends pas avoir quelque chose de fondamentalement intelligent à dire. J'essaye d'analyser le film en utilisant mes simples connaissances. Contient sûrement des spoilers.
Quel putain de film!
Le postulat : ni scénario, ni acteurs, ni décors ni rien qui pourrait être autre chose que du cinéma pur, libéré du théatre, de la littérature... Pari audacieux voire prétentieux, mais foutrement réussi. Car si L'homme à la caméra (même le titre est une mise en abime) ne raconte pas le parcours d'acteurs mais filme plutôt la ville d'Odessa sans préparatifs en amont si ce n'est apporter 2 caméras, il a un message et une portée d'une noblesse et d'une exécution éxemplaire : La vie, le regard, les gens, la mort, le mouvement, l'homme de cinéma et l'humain confondu...
Saupoudré de dizaines d'expérimentations sur l'image et la pellicule ("splitscreen", superposition, montage alterné frénétique, "arret" sur image, retours en arriere, stop motion!), ce qui donnent des plans précurseurs, inventifs et iconiques autant que de simples tranches de vie (le film est tourné,monté,projeté comme on nous montre la naissance, la vie, le travail, le plaisir, la mort).
Plein de sens, de parallèles (une fille se lave le visage au réveil/quelqu'un nettoie la ville au petit matin) et amoureux intime du cinéma dans son essence même (le film alterne les plans d'une couturière avec ceux du d'un montage d'un film, mettant sur un même plan les gestes de l'une et l'autre) et donnant aux femmes une place de choix, l'homme à la caméra est une expérience hypnotisante dont il me faudra encore pluieurs visionnages pour en tirer toute la valeur mais qui donne une bonne grosse claque, même s'il démarre trop doucement et est surtout affublé d'une musique insupportable et aléatoire (qui ne suit même pas les plans), que j'ai coupée pour mettre du Satie.
Nous sommes tous l'homme à la caméra.