House of wax est un de ces classiques du cinéma d'horreur qu'il me fallait voir. Vincent Price y joue le professeur Henry Jarrod (professeur en quoi ? je ne sais), un artiste qui loge et travaille dans un musée où il expose ses statues de cire. Plus que des créations, pour lui ce sont des créatures vivantes. Une vision des choses que ne partage pas son associé, qui s'intéresse surtout aux apports financiers, et qui recommande l'aménagement d'une chambre des horreurs dans le musée, chose qu'Henry refuse. Etrangement, quand ce dernier présente ses œuvres à un nouvel investisseur potentiel, il ne fait que parler de figures historiques qui ont connu un destin particulièrement funeste.
J'ai cru au départ que cela servait à indiquer qu'Henry cachait quelque chose, mais non, il semblerait que cela serve uniquement de foreshadowing.
Henry est, au début du film, quelqu’un d’ordinaire, aimable, et qui sait faire preuve d’un sens de l’humour comme on n’en voit plus aujourd’hui, capable de traits d’esprit caractéristiques d’une autre époque : le personnage explique par exemple comment il a bataillé avec sa statue de John Wilkes Booth pour qu’elle prenne la pose voulue.
Les blagues ne sont pas à hurler de rire mais ont un certain charme, et son parfois bien senties. Plus tard dans une scène à la morgue, deux employés parlent d’une personne renversée par une voiture (ou calèche, ici) : "I didn’t think those things went fast enough to hurt anybody – Give it time, they’ll get better everyday". Une autre blague fait un peu plus forcée après, quand un cadavre se relève, et qu’un des employés dit "like women, they want to have the last word".

Durant la présentation de son musée, Henry Jarrod s’égare un instant, il prend la main de Marie-Antoinette et lui parle ; je me demande ce qu’il fait quand il est tout seul avec ses statues… et si elles sont anatomiquement correctes ! (au passage, j’ai découvert qu’il existait une parodie érotique du film…) Cette idée donne un autre sens à la réplique d’un personnage qui, en admirant le travail d’Henry, déclare "he surely knows his anatomy !".
Les statues de Jarrod sont toute sa vie, mais son partenaire financier, trop pressé de récupérer son investissement dans le musée, préfère y mettre le feu pour récupérer l’argent de l’assurance !
Jarrod lutte pour éviter le désastre, et on voit les deux acteurs (ou leurs doublures plutôt) se battre au milieu des flammes ; ce qui rend la séquence encore plus impressionnante c’est qu’elle dure pas mal de temps. J’imagine que ça doit être très difficile de contrôler le feu sur un tournage, de rendre un incendie crédible tout en assurant la sécurité des comédiens, mais dans House of wax c’est très bien géré. On a le temps de voir beaucoup de figures de cire fondre, évoquant cette fameuse vision cauchemardesque dans Les aventuriers de l’arche perdue.

Avec la mort de Jarrod, son ancien associé récupère l’argent qu’il voulait, et en profite pour faire les yeux doux à une "gold digger". On a dû dire à l’actrice d’être aussi mielleuse que possible, ce qui fait qu’elle a adopté une voix exagérément niaise dont le caractère insupportable n’est surpassé que par la façon dont elle rit. J’ai été surpris, et un peu déçu, de découvrir ensuite qu’il s’agissait de Carolyn Jones, à savoir la Morticia Addams de la série TV.
La représentation des femmes est marquée par l’époque de conception du film : elles s’évanouissent à répétitions, elles hurlent dès qu’elles voient un mort, … Il y a même une démonstration de l’utilisation d’une guillotine qui provoque l’effroi de tout un public, qui hurle à l’unisson, sauf que, peut-être pour éviter des désagréments sur le plateau, il s’agit d’un bruitage extrêmement factice, qui se finit par un fondu dégueu, sur un plan où on voit bien que la foule ne crie même pas !
On retrouve un comportement encore plus irréaliste chez le personnage féminin principal qui, lorsqu’elle voit le méchant entrer dans sa chambre en pleine nuit, croit juste après qu’il s’agissait d’un cauchemar. Qui réagit ainsi dans la vraie vie ?
Ce qui n’aide pas, c’est que l’actrice joue aussi assez mal, du moins quand elle doit exprimer le désarroi et la tristesse.

Henry Jarrod, qui a survécu à l’incendie de son musée, revient pour se venger, en tuant son ancien associé, lors d’une scène de strangulation tout sauf crédible : ça dure 10 secondes, débâcle incluse, et la victime s’écroule au sol.
Même s’il est clair que ce tueur défiguré est Jarrod, il semblerait que son identité était censée être un mystère… enfin je crois, car autrement je ne comprends pas pourquoi on ne dévoile qu’à la fin qu’Henry Jarrod porte un masque de cire, lors d’une scène très prévisible où l’héroïne se débat et brise son masque.
En tout cas, les personnages du film ne sont au courant de rien, et Jarrod se permet de rouvrir son musée, en utilisant des cadavres comme base à ses statues. Son labo et la façon dont il y donne vie à ses "créatures" rapproche Henry Jarrod de Frankenstein ; il a d’ailleurs un assistant nommé, de façon très peu inventive, Igor. Ce dernier est joué par… Charles Bronson, qui reste muet pendant tout le film !
La réouverture du musée se fait en grande pompe, il y a même à l’entrée un type qui vante les mérites de l’exposition en… jouant avec deux jokaris. Pourquoi des jokaris ? Quel rapport avec le musée ? Est-ce qu’en voyant un type jouer avec deux jokaris en même temps, les passants vont assimiler la cool-itude de cette démonstration au musée de cire ? Ca semble surtout être un prétexte pour envoyer la balle vers la caméra (ce faisant, le type s’adresse même au public) ; en tout cas, c’est bizarre qu’une pareille utilisation débile de la 3D arrive si tard dans le film.

Forcément, quelqu’un ne tarde pas à reconnaître un cadavre devenu statue du musée. A partir de là, les liens que l’on découvre entre tous les persos relèvent du n’importe quoi total : l’ex-associé de Jarrod sortait avec une fille utilisée désormais dans le musée, elle cohabitait avec une femme qui, elle, ressemble à l’ancienne Marie-Antoinette de Jarrod, et il s’avère qu’un de ses amis est un sculpteur désormais embauché dans le musée, qui est également ami avec le nouveau mécène de Jarrod !
Durant sa seconde moitié, House of wax multiplie les absurdités et petits défauts de ce genre.
On peut également compter cette scène où l’un des collègues de Jarrod refuse de parler à la police, avant de craquer car il ne peut résister au manque d’alcool, pour finalement dire d’arrêter Henry Jarrod avant qu’il ne tue à nouveau !
Le film se termine par un happy end abrupt, ponctué de blagues idiotes, les personnages étant tout guillerets alors qu’ils ont échappé à la mort…

D’un point de vue technique, on reconnaît aussi que le film a été fait dans les années 50 à cause de ce travelling avec des mouvements de caméra très maladroits, et ce générique de début où les mots s’enchaînent en des fondus enchaînés faits différemment d’aujourd’hui : les lettres restent furtivement en surimpression, à l’intérieur des formes du texte suivant, donnant un résultat assez curieux.

House of wax est tout de même un divertissement qui se regarde sans difficulté, malgré ses nombreux petits défauts, qui font que je ne me permets pas de lui mettre plus de 6/10.
Fry3000
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le 22 mars 2014

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Wykydtron IV

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