Laissez-moi vous parler de mon autre marotte : le cinéma de genre. Fantastique, horreur, SF, policier : you name it. Toutefois, en ces temps de crise un peu mornes, ce dernier n’est pas non plus à la fête : ne sortent dans des multiplexes à pop-corn que des produits formatés, calibrés pour le grand public, ou, dans des salles plus qu’obscures, des films d’auteurs qui n’intéressent personne (oui, je trolle). Mais parfois, il arrive un accident, un trou dans le Grand Dessein de l’Ennui Collectif, qui permet à un film différent de sortir. Et cette fois, c’est au tour de La Cabane dans les bois.
Faut dire qu’il en aura bavé, le bougre. Tourné en 2009 par des mecs avec une sale réputation (un Drew-comment peut-on décemment se qualifier de "scénariste" quand on a pondu Cloverfield ?-Goddard et un Joss Whedon qui n’avait plus trop la côte auprès des studios après l’échec retentissant -quoiqu’injuste- de "Serenity") et avec des inconnus (à cette époque, qui connaît Chris – Thor by L’Oréal – Hemsworth ?), il était supposé sortir en 2010. Normal, quoi.
Normal, oui, sauf que v’la-t-y-pas que la MGM se viande méchamment au point d’être en faillite et de chercher à refiler le bébé, l’eau du bain et les couches usagées à une bonne poire. L’agonie dure et le film risque la sortie en vidéo, voire pire : moisir sur l’étagère du distributeur en attendant un acheteur qui ne pointera peut-être jamais le bout de son AmEx Gold. Finalement, Lionsgate voit le potentiel du bouzin et le sort en grande pompe en 2012 : et ouais, à ce moment-là, Joss Wheddon est aux commandes d’un Avengers qui s’annonce épique et Thor est devenu…ben, Thor. D’habitude, trois années entre le tournage et la sortie d’un film, c’est au mieux un mauvais présage, au pire une cible fluo à destination des critiques peu inspirés qui pourront cracher leur bile venimeuse en hurlant, écume aux lèvres : "J’VOUS L’AVAIS DIT, MOUHAHAHA, TROIS ANS POUR CETTE MERDE, AHAHAHAHAH !!!". Ahem. Mais je m’égare.
Heureusement, ce n’est pas le cas pour La Cabane… qui se paye le luxe d’avoir l’un des meilleurs scénar’ d’horreur du moment ! Jugez plutôt : cinq amis d’université décident d’aller passer le week-end dans un chalet (pas une cabane, bandes de moules marketeuses) perdu au fond des bois et qui recèle un secret terrifiant.
Hum. Je vous sens moyennement convaincus. OK. OK. Je reconnais qu’au premier abord, on a l’impression d’avoir à faire à un mauvais slasher à base de tueur masqué et de virginité salvatrice. Sauf que vous n’avez pas tort. Enfin si. Mais pas complètement. Bref, c’est le bordel. Regardez-le, vous comprendrez.
Non pas que le film soit compliqué, hein. Loin de là. C’est juste que c’est un peu délicat d’en parler sans balancer l’idée au centre du long-métrage et dont la découverte fait grandement plaisir à nos petits coeurs de geeks horrorophiles (ce mot n’a absolument aucun rapport avec Tornade des X-Men). Ce serait comme essayer de convaincre quelqu’un de regarder Sixième Sens en lui disant : "Tu vas voir, c’est génial, ça fait trop peur et Brice Willous, en fait, il est mort depuis le début". Vous voyez l’idée. Vous comprenez mon dilemme. Et vous allez regarder La Cabane dans les bois en me croyant sur parole quand je vous dis que c’est génial, que ça fait trop peur et qu’en fait Brice Willous, il est mort depuis le début, c’est clair ?
Bon. Ça ne fait pas autant peur que Sixième Sens, hein. C’est même plutôt l’inverse : en fait, c’est surtout très drôle, bien goret à certains moments et il y a même une guest sacrément cool qu’on aurait presque oublié tellement on la voit plus au cinéma. Et je parie que vous voyez exactement de qui je parle.
(Non, ce n’est pas Brice Willous.)