L'adaptation au cinéma de la pièce de Tennessee Williams ne se loupe pas, ne serait-ce que pour ses deux magnifiques têtes d'affiche. Elizabeth Taylor et Paul Newman forment une paire hautement glamour qui donne une véritable valeur ajoutée à ce huis clos familial intense et touchant, regardé pour ma part d'une traite sans l'ombre d'un ennui.
Ils sont un couple à la dérive. Suite à la mort de son meilleur ami, dont Maggie était jalouse, Brick boit trop, s'en veut et est en colère contre sa femme. Le Hollywood des années cinquante élude l'homosexualité du personnage, pourtant évoquée dans la pièce de théâtre créée à Broadway trois ans plus tôt. Dans le film de Richard Brooks, elle reste tout de même subtilement sous-jacente pour ceux qui veulent bien s'en apercevoir. L'anniversaire de Big Daddy (ou Papa Chéri), atteint d'une maladie incurable, est l'occasion de retrouvailles familiales dans leur grande maison du sud des États-Unis (les domestiques y sont tous noirs). Y éclate un psychodrame autour de la probable mort prochaine du patriarche, interprété par le charismatique Burl Ives qui s'invite ici comme troisième personnage principal. Les jalousies et règlements de compte surgissent. Maggie, chahutée de toutes parts, griffe, se dérobe ou ronronne pour l'amour de son désirable époux. Elle tient fermement ses positions telle une "chatte sur un toit brûlant".
Au sein de cette famille peu heureuse, les relations sont explosives et non dénuées d'une bonne dose de méchanceté, en premier lieu envers les femmes. Pourtant, le scénario n'est pas manichéen et les caractères en présence sont habilement abordés. D'abord taillés à la serpe, ils se complexifient au fur et à mesure, les failles apparaissent et le spectateur comprend mieux ce qui les pousse à interagir ainsi, même si certains personnages resteront antipathiques (Big Daddy en ce qui me concerne, et bien sûr l'insupportable belle-soeur). J'ai développé une certaine empathie pour Gooper, le frère de Brick, mal aimé de ses parents et peu aidé par une épouse vénale et des mômes qui ... ne sont que des mômes (parce que Maggie ne fait pas non plus grand chose pour se les mettre dans la poche). Après une première partie braquée sur le couple star, la seconde partie met ainsi l'accent sur la relation père-fils en particulier et sur celles entre les membres de la famille en général. S'enchaîne une série de scènes mouvementées et émouvantes, sorte de thérapie de groupe qu'on espère apaisante pour eux.

Sorel
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le 22 janv. 2016

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