À l'exception d'un court-métrage dans Histoires Extraordinaires, je n'avais jamais tenté l'expérience Fellini, c'est chose faire avec La Dolce Vita, où le cinéaste italien nous fait suivre les péripéties d'un journaliste à scandale basé à Rome.


Et quelle claque ! Federico Fellini propose un formidable et envoutant voyage dans la bourgeoisie italienne, souvent romaine, où l'on navigue entre star américaine, monde du spectacle ou encore de la presse. La fascination vient dès les premières minutes où l'on découvre, après une introduction montrant le déplacement d'une statue du Christ, Marcello suivant un couple dans un restaurant avant de déambuler dans Rome avec Maddalena puis de passer la nuit avec.


Federico Fellini met en place une longue fresque découpée en plusieurs séquences souvent liées, dont l'intérêt ne se trouve pas forcément dans l'histoire à proprement parler mais dans l'atmosphère, souvent envoûtante et désenchantée, ou même certains détails. Le cinéaste capte son époque avec brio, en profite pour épingler la société contemporaine, la bourgeoisie, la presse, le monde du spectacle et même l'église, le tout sans jamais être dans l'excès mais avec un ton juste et une caméra fluide, nous donnant l'impression d'être régulièrement au coeur de l'action et aux côtés des protagonistes. C'est à travers cette succession de tableaux qu'il décrit la société romaine de la fin des années 1950, notamment dans sa décadence et désillusion donc, en prenant le point de vue d'un journaliste à scandale qui va toujours se trouver dans les bons coups pour observer cet univers.


Il y a aussi une telle science du détail, et un art des dialogues, qu'il est difficile d'y déceler tous les symboles et la richesse en une seule vision, tandis que les séquences inoubliables, et intemporelles, se succèdent, à l'image de la baignade de l'actrice américaine ou de la rencontre sur la plage. Tout semble parfaitement orchestré, que ce soit dans les plans, souvent somptueux et participant à l'immersion, la très belle photographie en noir et blanc ou dans l'utilisation de l'excellente musique de Nino Rota. Il arrive à nous faire passer par tout un panel d'émotion, et de tons, aucun personnage, ou réflexion proposée, ne laissant indifférent. Devant la caméra, La Dolce Vita bénéficie d'un exceptionnel Marcello Mastrioanni qui se fond dans son personnage tandis que la galerie d'acteurs participant à son errance lui rendent merveilleusement bien la réplique, Anouk Aimée et Anita Ekberg en tête.


Et si c'était cela finalement du grand et beau Cinéma ? Federico Fellini signe une oeuvre d'art intemporelle où il capte son époque et offre une fresque envoutante, riche, pertinente et mémorable.

Docteur_Jivago
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mon festival de Cannes, 111 pour l'éternité, Mes Années 1960 au cinéma, Stradale Italia : Voyage au coeur du cinéma italien et Federico Fellini

Créée

le 6 sept. 2015

Critique lue 1.8K fois

49 j'aime

13 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

49
13

D'autres avis sur La dolce vita

La dolce vita
guyness
9

Tes reins vagues

Rome en 1960 est un espace truffé de terrains vagues, à l'âme. La Dolce Vita est un film d'une tristesse implacable. Une illustration somptueuse d'une désillusion permanente. Un film qui montre que...

le 21 déc. 2012

106 j'aime

19

La dolce vita
Grard-Rocher
9

Critique de La dolce vita par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En Italie durant les années soixante, la presse à scandale connaît un large succès. Bien entendu les chroniqueurs du genre et les paparazzis se précipitent et se battent afin d'obtenir le meilleur...

78 j'aime

15

La dolce vita
Docteur_Jivago
9

La chute de l'empire romain

À l'exception d'un court-métrage dans Histoires Extraordinaires, je n'avais jamais tenté l'expérience Fellini, c'est chose faire avec La Dolce Vita, où le cinéaste italien nous fait suivre les...

le 6 sept. 2015

49 j'aime

13

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

155 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34