Plus de 40 ans après sa sortie, "La Planète des singes" continue d'exercer un pouvoir de fascination et d'attraction immense. Le roman original de Pierre Boulle avait donné naissance à une oeuvre aujourd'hui culte et qui enfanta de nombreuses suites.
L'une des clés de la réussite du film, c'est évidemment les effets spéciaux dirigés par Weta Digital. Outre les performances du photo-réalisme, c'est la première fois que le regard des créatures est doté d'une âme. Les yeux des singes disent des choses que le numérique n'avait jusque là jamais exprimer avec autant d'émotion. Au final, César et ses acolytes de tous poils sont bouleversants d'humanité. A contrario, les auteurs proposent une vision alarmante des hommes: entre John Lithgow en vieillard aliéné, David Oyelowo en business man qui semble avoir fait un pacte avec le Diable et Tom Felton en tortionnaire inconscient, l'humain demeure exécrable. Seul le personnage incarné par James Franco brouille ces archétypes.
Plus que de la science-fiction, "La planète des singes: les origines" invoque la science au service de la fiction et Rupert Wyatt impose un style résolument réaliste. Le plus impressionnant reste la construction rythmique du scénario, habile dans sa préparation révolutionnaire, parfaitement structuré dans sa finalité et doté de clins d'oeil au long-métrage de Franklin J. Schaffner (Cesar assemblant la statue de la liberté en carton pâte, l'annonce d'un vol pour Mars, la diffusion d'un film avec Charlton Heston...). Dommage que quelques idées fortes soient trop rapidement emballées. Dans ces moments de frustration cinéphilique, le réalisateur a semblé priviligier l'efficacité à l'incandescence. Son film reste néanmoins un aboutissement technologique dans son esthétisme digital et se vit comme un divertissement intelligent sans temps mort.