(Attention : Cette critique contient sans doute un peu de spoil, et assurément pas mal de conneries).


Tu veux que je te dise comme ça, entre nous, ce que j'en pense du bien et du mal que je lui ai dit. Ben je vais te le dire tout net tiens. Pour moi le bien et le mal ça existe tout simplement pas. Dans l'absolu j'entends. Juste un truc inventé pour qu'on ne passe pas tout notre temps à se taper sur la gueule. Je dis pas que c'est mauvais hein, bien au contraire, je dirais même que ça m'arrange pas mal, ça évite que mon joufflu finisse un jour dans un kebab par exemple. Mais faut juste pas prendre les constructions humaines pour des lois de l'univers. C'est exactement ce que j'ai dit. L'univers il a pas de sentiment tu comprends, le bien et le mal y'en a plus en dehors de la civilisation, on est les seuls juges de notre humanité ma poulette, c'est comme ça. Même que les planètes elles doivent bien s'en foutre qu'on s'entre-tuent et qu'on se fassent mettre en brochette après. Ce qu'elles veulent c'est juste être là à derviche-tourner dans le vide comme des folles, et nos pâles destinées ma foi...


J'en étais arrivé là de ma philosophie dans le sofa quand Julie m'intima l'ordre de fermer ma gueule un bon petit coup, juste pour voir si ça serait pas mieux que ma logorrhée. J’obtempérais et de l'avis de tous, c'était nettement plus vivable qu'auparavant. Démocrate devant l'éternel je me suis donc rangé à l'avis de tous, ce qui était fort dommage car j'étais justement sur le point d'asséner une phrase d'une importance capitale pour la pensée occidentale.


Bref. Le film en question c'était "La Route". Et ça tombait plutôt bien parce que je l'avais lu moi le bouquin. Ouais parce que je t'ai pas dit en plus, je suis typiquement le genre de mec à faire des interventions du style : "Dracula ? Ouais je l'ai vu mais je préfère largement le livre tu vois" ou " La Route ? Ah ouais trop bien le bouquin tu vois, en revanche le film j'ai pas vu" ou encore "Vendredi 13 ? Ah non j'ai jamais vu le film, mais j'ai déjà lu le calendrier par contre". Un peu le genre super connard tu vois.


Julie elle voyait plutôt bien le genre en tous cas, parce qu'elle m'a demandé de la boucler une nouvelle fois. "Tu vas la fermer ta putain de petite gueule de merde" qu'elle m'a dit. C'étaient les mots mêmes, plutôt bien envoyés d'ailleurs. Ça n'autorisait en tous cas pas la réplique. Alors on a regardé le film.


Il commençait comme ça le film : tout était gris, tout était défoncé, il caillait un max et ça avait l'air d'être le foutoir complet. Comme je suis un mec qui percute plutôt pas mal en temps normal, j'ai tout de suite compris que les deux gusses nippés comme des parigots qui se trimbalaient dans le paysage de cendre, c'était des mecs égarés dans le Nord-Pas-de-Calais. Parce que la civilisation y'en avait plus du tout apparemment. Y restait juste une espèce d'immense Nord-Pas-de-Calais tu vois, la méga zone, le genre grand comme le monde. Le père et le fils ils avaient du se faire pas mal enfler par leur agence de voyage je pense, parce qu'ils auraient surement pas choisi ce lieu de villégiature dans le cas contraire, j'en mets ma main à couper. Et comme en plus les mecs ils avaient tout l'air d'être complètement raides question pécune, ils avaient décidé de se faire la tournée de retour en caddie de supermarché pour l'occasion. Direction la côte, le grand Sud : Berck-sur-Mer.


Quiconque a déjà foutu les pieds dans le Nord-Pas-de-Calais sait que le plus grand danger demeurant en ces terres hostiles reste le cannibalisme. C'est pour ça que le gamin du film il demande toujours à son daron si les fangeux qu'ils croisent sont plutôt à mettre dans la catégorie "Bisounours" ou dans la catégorie "Enfant de Putain". Pour éviter si possible de finir en fricadelle tu penses. Le père il est en tous cas sans pitié sur ce coup là : chaque nordiste croisé est automatiquement un "Enfant de Putain" à ses yeux, y'a pas à tortiller ; alors que son fils c'est plutôt le contraire, il voit des bisounours un peu partout. Zéro discernement les gars.


D'ailleurs à un moment ils croisent même Robert Duvall dans c't'apocalypse ch'ti, habillé comme un parisien qu'il est, pareil. Mais ils le reconnaissent même pas. Ça m'a fait tout bizarre parce que la dernière fois que je l'avais vu celui là, il voulait carrément prendre d'assaut une plage du Vietnam pour pouvoir faire du surf. Mais là il était beaucoup moins gaillard le bonhomme, l'air du Nord-Pas-de-Calais ça lui avait pas fait que du bien visiblement. Ça manquait à ce point de napalm que ça l'a rendu complètement hirsute c'te région. Tellement il faisait tiep le gamin il lui a filé une boite de conserve comme cadeau, histoire de le regonfler un peu. Mais c'était sans doute du maroilles en boite parce qu'il s'est vomit directement dessus le Robert, tellement elle était dédjeulasse leur boustifaille.


D'aventures en aventures, de chemins en chemins, nos deux vacanciers finissent quand même par y arriver à la mer. Mais le père il est tellement déçu de voir qu'elle est tellement grise et tellement froide la flotte qu'il décide de claquer une bonne fois pour toutes sur la plage, histoire qu'on le fasse plus chier. Il laisse un peu son fiston dans la mouscaille faut bien l'avouer mais il lui raconte qu'il s'en sortira quand même, parce qu'il "pète le feu" qu'il lui dit alors je crois, ou un truc dans le genre.


C'est le moment que choisit un keum au look un peu chelou, sans doute un belge, pour venir les aborder, histoire de savoir ce qu'il en est un peu de ces messes basses, ou pour leur emprunter un peu de fraîche on sait pas encore :



Qu'est ce que tu fais là petit ? qu'il lui demande.
- On est arrivés à pied par la Chine mon père et moi, maintenant on est paumés comme des cons.
- C'est ton père qu'est tout hâve là-bas, avec sa petite gueule dans le coaltar ?
- Ouais que c'est lui qu'il lui fait, même qu'il est tout clamsé maintenant qu'il ajoute.
- Va falloir que tu me suives maintenant alors, si tu veux pas avoir des emmerdes.
- Z'êtes pas un enfant de putain au moins, hein monsieur, z'êtes un bisounours dites ?
- Oui je suis un bisounours mon bonhomme qu'il dit pour le rassurer.
- Vous z'en bouffez jamais de la fricadelle de fesse vous, c'est promis ?
- Promis juré.
- Et est ce que vous pétez le feu aussi ?



Là le belge il est un peu surpris de se faire demander un compte rendu de latrines tout de go, comme ça, par un gniard trois quart mongol encore en plus, alors il lui répond :



Tu m'as l'air un peu nonoche sur les bords quand même biloute, t'as pas l'air d'avoir de la lumière à tous les étages.



Mais le nonoche il lâche pas l'affaire, ça l’intéresse vachement de savoir si son interlocuteur défèque commodément ou pas, à tel point qu'il menace de le dessouder s'il veut pas lui dire s'il chie droit.



Mais oui que je pète le feu mon petit père qu'il lui dit alors, pour pas qu'il y'ait du grabuge.



Alors le gamin semble soulagé, il baisse son arme et accepte de le suivre. C'est là qu'il rencontre la mouquère du belge, qu'est toute chelou aussi, et que la caméra zoome sur ses yeux bleus pendant qu'il dit que tout va bien se passer désormais.


Et c'est là que la fin se termine.


Julie elle chialait à chaudes larmes suite à cette scène finale. Moi pas. Mais si elle croise un jour la sale petite gueule de ma critique c'est pas impossible qu'elle rechiale un bon petit coup, et ça pourrait pas mal barder pour mézigue aussi par la même occasion. Au point de finir en fricadelle de fesse.**


** Cette critique c'est vraiment du grand n'importe quoi quand même.
** Cette critique n'est absolument pas à prendre au seconde degré.*
*
Cette note de bas de page n'est absolument pas à prendre au second degré non plus.

Saint-John
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le 15 août 2014

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