Laurence Anyways par pilyen
Quand un jeune réalisateur de 23 ans, repéré par la critique comme un petit génie du cinéma, signe un film de 2h40 autour d'une histoire d'amour un peu particulière, cela donne-t-il une oeuvre singulière ? La réponse est oui ! Un chef d'oeuvre, un film incontournable ? La réponse est, pour moi, non !
Projet ambitieux, comme son réalisateur qui n'a pas caché sa déception de ne pas avoir été en sélection officielle lors du dernier festival de Cannes, "Laurence anyways" est sûrement la curiosité cinématographique de l'été à défaut du grand film attendu par les aficionados de Xavier Dolan (dont je fais partie).
En suivant Laurence, prénom anglophone masculin, interprété par un Melvil Poupaud très convaincant et pas un instant ridicule en femme et Fred (diminutif de Frédérique) incarnée par l'électrique Suzanne Clément, le spectateur est happé dès le début par une suite de scènes assez hystériques, sensées nous montrer combien les deux héros s'aiment très fort. C'est un peu fatigant pour les yeux, pour les oreilles aussi. Heureusement, cette nervosité retombe un peu lorsque Laurence annonce à sa compagne son désir d'être celui qu'il a été toujours au fond de lui : une femme. Le film prend alors son rythme de croisière sur un scénario un tantinet convenu.
Mais Xavier Dolan, en cinéaste surdoué, camoufle cette faiblesse scénaristique en jouant de la caméra et du montage avec dextérité. Le film avance par à coups avec des scènes surprenantes visuellement, les acteurs cadrés très serrés pour mieux faire voir et ressentir le moindre petit frémissement et le tout est nappé de musique des années 90, de Dépêche-mode à Céline Dion. Cela pourrait être too much, c'est juste assez bluffant. Les 2h40 passent sans ennui, les acteurs sont formidables (mention spéciale à Nathalie Baye), l'image est belle. Une énergie évidente traverse cette histoire qui m'a pas rappelé le cinéma d'Almodovar par sa thématique, son côté mélo et son traitement très coloré des décors et des costumes.
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