Après une interruption plus longue que prévue, je reprends mon cycle Dolan. Il s'agit là du film que j'aime le moins pour l'instant - dans sa filmographie, entendons-nous bien.


L'idée est intéressante, mais le traitement m'a franchement ennuyé. Il faut dire qu'il ne se passe pas grand chose dans ce film. L'histoire d'amour prend beaucoup de place, mais consiste à voir des personnages souffrir puis être heureux. Il n'y a pas vraiment d'objectif à atteindre ni de conflits à résoudre, les personnages se débrouillent seuls, se pardonnent puis s'engueulent, parfois de manière décousue. Il reste quelques situations et sous thèmes intéressants, mais paradoxalement à la longueur démesurée du film, on a l'impression que tout se fait d'un coup, comme si l'auteur avait ellipsé l'évolution de ses personnages par manque de temps. Il m'a manqué une certaine logique aussi dans les personnages : je n'ai pas eu l'impression d'avoir la même Fred au début et à la fin non pas parce qu'elle aurait évolué, mais plutôt parce que l'auteur aurait gommé certains traits de caractère.


La mise en scène reste ce qu'il y a de plus intéressant, car le maniérisme de Dolan ne dépasse jamais les limites. Au pire, je lui reproche de les amener maladroitement dans son film mais cela a tout de même l'avantage de réveiller le spectateur, notamment grâce aux moments clipesques qui rythment le film. En fait, Dolan ne devrait faire que ça, des clips. Ceci dit, il parvient à les intégrer dans son métrage sans que ça ne gêne vraiment. Il y a aussi une belle utilisation de métaphores et ainsi ils créent des images très fortes. Parfois trop fortes par rapport à ce qui précède, d'où l'impression que c'est parfois mal intégré.


Mais même au niveau de la mise en scène il s'agit ici du pire Dolan. Je lui reproche surtout de faire beaucoup de bruits, lui qui utilise pourtant si bien le son. Ainsi, la première heure m'a été particulièrement insupportable, avec tous ces personnages qui crient sur un fond musical. Certaines séquences sont également assez plates. Il y a aussi une utilisation de la caméra épaule alliée à un surdécoupage lors de petites scènes de conversation qui m'ont un peu embêté. Les acteurs sont plutôt bons, il n'y a que Nathalie Baye qui m'a paru fade.


Si je suis si sévère malgré les bonnes choses, c'est bien à cause de cette durée infernale. L'auteur n'aurait traité son sujet que sur 1h30, je me serais nettement moins ennuyé, j'aurais donc été bien plus indulgent.


Bref, je n'ai pas vraiment accroché à cette histoire d'amour décousue, juste bon à voir des personnages s'aimer puis se détester. Et je trouve que la partie sexuelle aurait mérité d'être plus approfondie, car en l'état elle ne sert pas à grand chose, du coup je ne peux que me demander de la pertinence de ce choix. Je comprends bien que ça permet de générer des crises, mais ces mêmes crises auraient pu être amenées autrement, donc au final, je me dis que, puisque ce thème n'est qu'abordé avec distance, ça reste un moyen d'écriture facile pour amener les disputes. Dommage !

Fatpooper
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le 17 déc. 2015

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Fatpooper

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