Après l’expression de Truffaut « un grand film malade », voici, pour évoquer à sa juste mesure cette tumeur cinématographique, une expression toute trouvée : « un petit film cancéreux ». Tout partait bien pourtant : Dupontel arrive en grandes pompes au domicile de Dujardin. Il a l’air décidé, opiniâtre, normal il arrive pour dire qu’il est le crabe de Dujardin, son « Big C ».

J’imagine facilement l’idée jouissive de départ, faire d’un cancer un personnage. Métaphore facile à peine exploitée, dès la 12ème minute du film tout s’écroule. Dupontel est là et bien là, il en fait des tonnes mais une histoire d’amour conne prend le dessus. Il y avait tellement mieux à faire sur le fait de cohabiter avec sa maladie, de l’aimer, de la détester, d’être bien au chaud avec elle dans son lit, puis de la rejeter. Au lieu de ça surgit une amourette de campagne bancale, banale, grandiloquente, entre la boniche et son patron, mmmouais.

Une galerie de personnages tous plus insignifiants les uns que les autres, superficiels, avec un Emile Berling qui joue le fils bourgeois né avec une cuillère d’argent dans le cul et qui a un jeu beaucoup trop corseté, surfait, étriqué et faux pour être honnête. Dujardin est un peu chiant quand même, et Anne Alvaro est trop intello pour jouer les boniches de bas de tableau. Des fausses notes partout. Dommage.

Blier s’est calmé, il s’est embourgeoisé. Il est vieux, c’est tout. Les Valseuses sont loin putain. Ou bien il a fait ce film pour réaliser une métaphore de sa condition cinématographique, vraisemblablement sur le déclin au regard de cette chose, et nous démontrer à quel point il n’a plus foi, et doute de son art (après tout le doute, c’est le cancer de la foi), ou bien il est devenu trop sérieux pour assumer un vrai second degré, la farce grinçante et corrosive à souhait.

Tout au long du film il ne fait qu’hésiter entre le manque de sérieux dont il fallait faire preuve ici et un cinéma français typique, prétentieux, intello-Télérama et merdique, à travers une mise en scène insignifiante et pour finir indigne. Snob. Dommage.

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le 5 oct. 2013

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Errol 'Gardner

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