Shakespeare avait ce même dilemme au XVIe siècle : "To be or not to be ? That is the question."

Bien qu'on ressente une patte Américaine à travers quelques plans poussés dans l'extrême sentimentalisme, Le cercle des poètes disparus reste une référence dans le domaine des films "rapports père-fils". Très fort, on s'attache au garçon qui souhaite passer outre l'autorité de son père en pratiquant du théâtre, qui est sa passion. Malgré l'image un peu vieillie de l'école anglophone des années 80, on a envie de suivre Todd dans sa folie théâtrale. L'enseignement dispensé par Mr Keating apporte aux étudiants une nouvelle façon d'aborder les choses. Dans la fleur de la jeunesse, on leur apprend la désobéissance et la critique de l'autorité abusive. A travers cet amour de la littérature, le professeur livre une vision amoureuse de la vie que l'on a envie de croquer à pleine dents. Une envie d'évasion nous submerge lors du visionnage du film.

Je nuance ce propos en reprenant les premiers mots de ma critique. La patte anglo-saxonne m'a posé problème lors du décès du héros, lorsque celui-ci préfère se donner la mort qu'abandonner son désir le plus cher. Le père, accourant au ralenti vers son fils apporte un caractère grossier au film qui n'était largement pas nécessaire. Et c'est dommage, car le reste est très bon ! L'objectif ultra sentimental de cette scène a produit l'effet inverse chez moi, et pourtant, qu'est ce que ce film peut me toucher, bordel ! J'ai été totalement déçue, et eu envie de rire, alors que la scène est d'un tragique indéniable.

Cependant, bien que le fond et le jeu d'acteur soient passionnant et poignant, la forme n'est pas extraordinaire. Effectivement, les plans ne révèlent rien de magnifique, la photographie n'est pas inoubliable, les décors sont plus que banals et il n'y a aucun vœu de mettre en valeur le corps ou le visage. Seule la séquence de la pièce de théâtre révèle un moment fort entre le père et son fils. Les regards ne se croisent pas, mais pourtant ils se savent l'un et l'autre dans la même pièce. Toute la magie du cinéma est là, l'ultime scène de ce film réside dans cette séquence qui veut tout dire.

A travers cette réalisation, Peter Weir ne fait que reprendre le questionnement de Hamlet de Shakespeare, lorsque celui-ci se demande s'il doit agir et être le souverain de son existence ou rester à l'écart de tout agissement et ainsi se conformer à la situation. C'est ainsi que je me réfère à la très célèbre citation de Hamlet employée à tord et à travers, et pourtant qui trouve justement sa place ici: "To be or not to be? That is the question". Ici, le jeune Todd a préféré ne pas se conformer à la réalité qui lui était trop dure à accepter. La désobéissance, à quel prix ?
Rachel_Youya
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le 20 mai 2013

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Rachel Youya

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