Déjà Troie, avec ses sandales Quechua et ses anachronismes affligeants, c'était pas jojo. Mais au moins, il y avait un scénario, des personnages parfois crédibles et des acteurs pas toujours si mauvais.

Et puis, il y a Le Choc des Titans. Certes je ne l'ai vu qu'hier, et pas en 3D, et pas en salle. Mais quand même ! Allez, petit résumé pour ceux qui n'ont pas encore perdu deux heures de leur vie.

Grosso modo : un pêcheur (oui oui, c'est Kobayashi) trouve un sarcophage dans la mer, le remonte avec ses petits bras, voit à l'intérieur un bébé vivant, accompagné de sa mère morte, mais ne se pose pas de questions (non non, c'est bien connu, les nourrissons sont tous waterproof et peuvent vivre au fond de l'océan sans risque d'anémie ni d'asphyxie). Ce bébé devient à son tour un pêcheur, encore moins crédible que son père, et tous deux passent leur temps à se plaindre de ne rien attraper dans leurs filets en nylon (au passage, on en est déjà à la 48e incohérence). Bon, soit.
Tout s'enchaîne dans un soudain élan d'action : le bateau vogue... et vogue... et vogue. Notre petit Persée (car oui, ce blondinet c'est Persée) observe les étoiles, se demande d'où il vient, ne se demande pas ce qu'ils foutent de nuit en plein milieu de la mer sans avoir mangé depuis trois jours ni POURQUOI ils dorment tous dans leur barque mais finit par dire : "J'ai tout ce qu'il me faut ici." Celle-là, fallait avoir les bollocks de la sortir sans perdre une dent.

Après la mort de son père adoptif, il se retrouve à Argos, sans qu'on sache pourquoi, voit Hadès qui lui dit qu'il est fils bâtard d'un Dieu (Zeus). Il décide d'un coup d'un seul de sauver la princesse argonienne et de tuer le Kraken dont Hadès a prédit qu'il détruirait Argos dans dix jours. Sur ce, il monte une petite équipe de Castors Juniors, part à pied on ne sait où (la plus grosse interrogation du film), croise le mari de sa mère au moment où elle s'est faite engrosser par Zeus -façon Uther Pendragon- et qui n'est pas mort depuis le temps et est devenu une créature d'Hadès encapuchonnée et bardée d'un trou énorme dans la tête qui ne se répare que lorsque Persée lui plante une épée magique dans le coeur.


*Pause*
Vous ne comprenez rien ? Normal. C'est "Le Choc des Titans".

Donc, notre troupe de boyscouts se trouve à la montagne, puis en Egypte, où ils croisent une troupe de djinns qui les sauvent d'une attaque de scorpions géants sortis du sable fertilisé par le sang du fameux faux-père de Persée. Puis ces djinns, qui n'ont rien à faire dans cette partie du monde, domestiquent ces mêmes créatures et emmènent la troupe à dos de "scorp-lion" à travers le Sahara, puis dans ce qui ressemble aux Pyrénées, puis dans des montagnes faites de tuiles d'ardoise empilées. Puis ils vont voir les trois fileuses du Destin qui n'arrivent cependant pas à prédire que Persée va leur voler leur oeil et faire du chantage avec, en vilain chenapan qu'il est. C'est dire la pertinence qu'on peut accorder à leurs prophéties. Puis ils redescendent de la montagne, puis les djinns s'en vont, sauf un qui reste et qui a la tête de Chewbacca, mais en bois.


*Pause*
Vous trouvez ça chiant ? Normal. C'est "Le Choc des Titans".

Donc, direction les enfers où ils chassent la méduse, mélange de Kâ et de Xéna la guerrière, dont ils essaient de couper la tête, dans une séquence intensive qui voit s'accumuler en peu de temps non seulement la mort de toute l'équipe, mais en plus dans des postures et des manières les plus ridicules qui soient. Mais ce cabotin gagne quand même, parce que son bouclier en peau de scorpion faut aussi rétroviseur.
En 30 secondes, il fait donc le chemin retour des enfers à Argos, ce chemin même qu'il a mis dix jours à faire à l'aller. Et sans que j'aie besoin de vous en expliquer le déroulement, il gagne.



Vous avez trouvé ça incompréhensible et chiant ?
Voilà, c'est ça, Le Choc des Titans.

Donc, premièrement, ce syncrétisme de mythologies et tellement absurde qu'on se demande si les scénaristes ont consacré plus d'une heure à faire le script, et si le réalisateur a eu l'idée d'ouvrir un bouquin, même vulgarisé, sur les dieux et les Titans dans la Grèce Antique. Cela aurait pourtant pu être une idée judicieuse. Non, le kraken n'est pas un titan. Non, la Méduse n'est pas un titan. Non, les dieux de l'Olympe ne sont pas non plus des titans. Quoi ? Il n'y a donc aucun titan dans "Le Choc des Titans" ? Voilà, exactement.

Anonymus a posé cette question tout à fait pertinente dans sa critique : "faut-il vraiment faire des péplums à la sauce chrétienne quand on n'a que le début d'un fond de rudiment de culture mythologique ?". Après visionnage du film, je ne pense pas qu'il y ait moyen de développer ce point. Le dieu des enfers qui veut tuer le fils bâtard du Dieu du Ciel et d'une mortelle, afin de semer chaos et destruction sur le monde... Oui, bon, vous avez compris.

Bref, je ne vais pas faire le cadastre de toutes les contradictions et énormités du film, puisque j'ai passé 1h46 à me prendre la tête entre les mains et à me demander "Pourquoi ?". Pourquoi ce film ? Sans réponse.

Ou plutôt, si : allez lire la critique assez drôle de ptitpraince pour comprendre. Moi il ne m'en a pas fallu plus !
VirguleLeprin-s
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le 21 oct. 2012

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