Le Choc des Titans par Diego290288
En quelques années, Louis Leterrier s'est imposé comme le Yes-Man le plus talentueux de l'écurie Besson avant de s'affranchir de la tutelle de ce dernier pour devenir un réalisateur de blockbuster comme on les aime. En effet, son Hulk se démarquait intelligemment du film d'Ang Lee et proposait un spectacle fun et décomplexé malgré la frustration générée par son combat final (on nous avait promis 20 minutes de fight ininterrompues, on en a eu que la moitié) et la prestation de Liv Tyler plus que médiocre. On attendait donc avec une certaine curiosité son remake du Choc des Titans dont les premières images laissaient augurer du meilleur.
A l'arrivée, si le métrage est une nouvelle confirmation du talent de Leterrier, il se révèle être une décevant au regard de son potentiel titanesque justement.
En effet, Clash Of est l'archétype du produit mal fini tant sur le plan narratif que formel: d'abord, les multiples réécritures du script et les coupes au effectuées au montage sautent aux yeux à cause de la durée du film, relativement court pour un péplum (moins de deux heures) alors que paradoxalement, le récit est long à démarrer.
En sus de ce manque de rythme qui nuit énormément au souffle épique de l'histoire (au moins pendant la première partie du métrage), je suis resté dubitatif devant un production design inégal et des SFX moyens pour une production de cette ampleur. Ainsi, si l'utilisation de décors naturels par le réalisateur est assez remarquable notamment lorsqu'il filme en plans larges un peu comme Peter Jackson (toutes proportions gardées...), on déplorera la mauvaise incrustation des CGI et la qualité globalement moyenne de ces derniers comme l'illustrent le décor de la ville d'Argos ou ces scorpions géants pas crédibles pour un sou.
De plus, comme je le soulignais, le production design est capable du pire (les scènes sur le mont Olympe, une adaptation improbable de Saint Seya) comme du meilleur (le passage au enfer et le look de charon à tomber par terre).
Enfin, les morceaux de bravoure du film manquent cruellement d'intensité même si ils sont correctement filmés et il faut attendre le passage dans l'antre de la méduse (la meilleure scène du film) pour que cela devienne intéressant. Quant au passage mettant en scène le fameux Kraken, il est impressionnant mais jamais à la hauteur de son potentiel épique et m'a conforté que la série des God of War (pourtant une référence avouée de Leterrier) écrase la concurrence vidéoludique et même cinématographique en matière de spectacle mythologique.
Vous l'aurez compris, le Choc des Titans est plombé par de nombreux petits défauts qui ne sont pourtant pas tous imputables au réalisateur lui-même vu que ce dernier s'en sort bien sur le plan technique. De plus, il semble bien qu'il ait voulu donner une certaine substance à ces personnages notamment au travers du dilemme de Persée, un demi-dieu qui se sent plus humain que divin.
Leterrier a également le bon goût d'éviter certaines figures imposés du genre comme une romance trop envahissante ou l'humour ras les pâquerettes propre à la plupart des blockbusters (Transformers and GI Joe, please stand up !)
En outre, le métrage possède un côté « les sept samouraïs du pauvre » qui n'est pas déplaisant dans la mesure où il met en scène un groupe de personnages aux caractères diamétralement opposés qui vont finalement devenir des frères d'armes.
Les acteurs sont pour beaucoup dans l'attachement qu'on peut ressentir pour certains personnages : si on oubliera la performance assez catastrophique de Sam Worthington qui souffre de « chuck norisme » aigu (comprenez par là que son jeu est d'une pauvreté rare) et qui montre que malgré Terminator et Avatar, il a encore des choses à prouver en tant qu'acteur, on saluera celles de Mads Mikkelsen ultra-charismatique comme à son habitude et de Gemma Atterton bien plus convaincante que dans Quantum Of Solace.
Côté Bad Guys, s'est évidemment le grand Ralph Fiennes qui s'illustre mais aussi ce vieux Jason Flemyng quasi-méconnaissable sous son maquillage.
Le choc des Titans est donc une semi-déception vu qu'on était en droit d'attendre plus d'une boîte de prod comme Legendary Pictures (déjà à l'origine de 300) et d'un réalisateur comme Louis Leterrier qui malgré sa sincérité et son talent de formel peine ici à retrouver l'efficacité de ses précédents films.
Reste un divertissement honnête : un frémissement pas désagréable mais certainement pas le choc attendu.