Bruce Willis and his sidekicks.... in Spaaaaaace !!

Ok, rien à faire, je viens de revoir le 5eme Élément, et j'ai encore pris mon pied.


Vu pour la première fois au cinéma en 1997 (le film est sorti le jour de mes 16 ans) Le Cinquième Element est avec Princesse Mononoké, l'un des rares films dont j'attendais beaucoup et qui m'a offert encore plus que ce que j'attendais.


Merde, quoi, pourtant c'est un film de Luc Besson, qui véhicule les plus gros clichés de la Terre, c'est pas fin du tout, et pourtant, comme à chaque fois, j'ai pris mon pied.


Petite liste des raisons pour lesquelles j'aime bien ce film :


- Le film joue sans arrêt des clichés : C'est en permanence une utilisation et une subversion de clichés.


On va pas se cacher, Bruce Willis joue John McLane, mais dans l'espace et à l'exception de Milla Jovovitch, la quasi-intégralité du casting lui sert de faire valoir. Que ce soit Ruby Rhod (l'hétéro le plus gay de l'univers) le général Munro, le président, le chef de la sécurité de l'hotel, le David-Kassovitch-avec-un-panneau-sur-la-tête : tout les personnages servent à montrer à quel point John Mc.. heu .... Korben Dallas est badass, fort, intelligent, tacticien, sensible, bref : Parfait. Ca tombe bien, à la fin, il sort avec ce que le film estime être la femme "parfaite" en la personnage de Milla Jovovitch. (Chacun ses goûts...) Même le prêtre Vito Cornelius (très gentil, très instruit mais moins badass et débrouillard que lui) est en quelque sorte un faire-valoir... qui a lui même son faire-valoir en la personne de David.


Ce film prend tous les clichés du film d'action des années 90 et le combine avec les clichés des films de sf pour un truc extrêmement punchy, créatif et coloré : les scènes d'actions abusées, le méchant vraiment-super-méchant qui bosse pour (ni plus ni moins) que le mal absolu, les bombes avec des gros compteurs rouges, les flics idiots (c'est du Luc Besson, hein....) Chris Tucker (qui est un cliché vivant) etc...


Et comme tout est sans arrêt sur le mode de la blague, de la déconstruction ("si ce gros machin était une bombe les alarmes se seraient déclenchées, non ?" ) de la subversion de clichés (se cacher dans les conduits de ventilations était plutôt une mauvaise idée pour Leeloo...) ou de l'utilisation assumée, ça passe. C'est fun et on se marre sans arrêt même lorsqu'on se retrouve face à des scènes complétement WTF ou incompréhensibles (je pense au passage avec Ruby Rhod qui interview Korben dans le couloir ou les mecs de l'aéroport qui fument des joins, Zorg qui saigne de la tête, etc...)


D'ailleurs pas mal de commentateurs américains sont vraiment surpris par l'aspect "film américain qui fait plus américain qu'américain mais réalisé par un français" tant tout est dans la compréhension des codes qui font ce cinéma. Il n'y a qu'à prendre la page tvtropes consacrée au film pour voir que le film est l'application parfaite de tel ou tel cliché ou de tel procédé d'écriture (je reparle du scénario du film un peu plus bas.)


Même le fait que Milla Jovovitch joue une "action-girl-badass-mais-attachante-dans-un-film-réalisé-par-son-petit-ami" est un cliché... bon, c'est devenu un cliché après ce film, mais c'est un cliché.


- La réalisation est niquelle : On peut dire ce qu'on veut du Besson scénariste, le réalisateur est quand même bon. Ceci dit, si le scénario de ce film possède une fin ultra-cucul et pas mal de failles (comment Leelo est-elle arrivé à "War" sans avoir lu les pages "Rape" "Murder" "Genocide" avant ?) il est assez riche pour fourmiller de tonnes de choses en peut de temps. Notamment en offrant pas mal de "fusils de Chekov" en incluant des informations cruciales dans les scènes précédantes du film : les pierres, le fait que Leeloo apprenne les arts-martiaux, et le nombre d'allumettes que Korben a sur lui, etc.... De plus, il arrive à insérer des tonnes d'éléments et d'histoires au cours de la narration : le futur de l'humanité, le but poursuivi par Zorg, les guerres des Mangalores (et leur sens de l'honneur) le passé de Korben Dallas. Le tout nous est expliqué, sans peine et sans que cela nuise au côté "scénario qui fonce à toute vitesse" du truc. J'ai rarement vu un condensé aussi efficace !


Le montage est extrêmement péchu, nerveux sans jamais être bordélique, notamment à cause des effets de montages, avec des personnages qui semblent se répondre d'une scène à l'autre, notamment en juxtaposant le plan des méchants avec celui des gentils, ce qui permet d'éviter les redondances. Il y a des tonnes de petites leçons de montage et de réalisation dans ce film.


- C'est tout ce que j'aime dans la SF : Pour certains, la SF c'est les mondes froids, les architectures carrés, la technologie minimaliste ou le post-apocalysme déprimant. Les moments du style "de toute façon, le futur c'est pourri parce que les êtres humains auront tout fait péter." Pour moi, la SF ça a toujours été l'expansion de l'humanité, le space opéra, les univers bizarres, les cités futuristes et les voitures qui volent. Et c'est l'un des rares films qui réussi à développer un univers avec de multiples détails (on voit que Mezières et Moebius sont passés par là) qui sont ultra-visible à l'écran sans que ça nuise au rythme du film ni que ça nous offre une "moralité." Non, ici, ça oscille entre le rose et le noir : les gens vivent dans des petits apparts de 9m², vous pouvez vous braquer dès que vous sortez dans le couloir, les aéroports sont devenus des dépotoirs, la surface des villes est polluée, la police est corrompue et impose que vous ayez chez vous un dispositif de rond jaune en cas d'arrestation, mais à côté de ça, vous avez des voitures volantes, des hôtels luxueux dans l'espace, des moyens de communications de fou et votre restaurateur chinois préféré peut passer avec un bateau volant à votre fenêtre !! (qui n'a jamais fait "trop biiien" en voyant cette scène, hein ?)


Le film prend déjà le contre-pied de beaucoup de films de SF de ne pas nous montrer l'univers (parce que ça coûte cher) et multiplie les décors, les détails, les gadgets et les gags d'arrière plan comme s'il avait un budget illimité pour les délires : La créature dans le bureau de Zorg, les "trucs vivants" que les employés de l'aéroport crament au lance-flamme, les détails dans la chambre de Korben Dallas, tout ces machins ont dû coûter extrêmement cher et sont limites en arrière plan, mais on s'en fout !


Même maintenant, ça reste rare d'avoir des films qui offre un tel foisonnement de détail. Le dernier film dans lequel j'ai vu un univers aussi bordélique ça devait être "Zero Theorem" et une grosse partie du film se passait dans une cathédrale. Ici, on part dans l'espace, sur un vaisseau hôtel, on va en Egypte ou dans le trafic urbain d'un New York sur des centaines de niveaux.


Visuellement, ça n'a pas trop vieilli. Seul quelques effets en images de synthèse sont devenus un peu ringards (la régénération de Leloo est un peu vieillotes) mais les décors, les costumes de Jean Paul Gauthier, les gadgets d'arrières plans et les effets donnent toujours un super aspect futuriste au tout. Ce qui m'impressionne c'est aussi les costumes des Mangalores qui sont extrêmement expressifs alors qu'il s'agit de masques en caoutchoux.


Ha et vous rajoutez à ça une B.O. d'Eric Serra, qui réussit très bien a s'orienter vers un côté alien et zarb du truc. Et vous avez le 5eme Element. A chaque fois que je suis devant ce film, je me marre, je souri, je remarque des détails que j'avais pas vu avant et je redeviens un gosse fan de sf.


J'ai pas vu d'autre film de SF qui me fasse cet effet là (et j'en ai vu des brouettes) c'est le SEUL. Et à chaque visionnage je reprend mon pied comme avant. D'où un bon gros 9. (Pas un 10, faut quand même pas déconner....)

le-mad-dog
9
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le 9 août 2015

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Mad Dog

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