Le premier film que j'avais vu de Clouzot, Le salaire de la peur, m'avait réellement bien plu. J'avais surtout envie de découvrir Le corbeau qui jouit, encore aujourd'hui, d'une réputation incroyable. Et chers amis, elle est amplement méritée.
Il n'y a absolument rien à jeter dans ce film. Le scénario est remarquablement construit et tient vraiment en haleine de bout en bout. De plus, il possède une seconde lecture qui est totalement remarquable.
Un rapide mot sur la mise en scène qui est vraiment très bonne, superbe photographie noir et blanc, une réalisation soignée avec de superbes mouvements de caméras et des plans sublimes. A ce niveau, Clouzot réalise déjà une oeuvre bien au-dessus de la moyenne.
Mais c'est bien au niveau du scénario que le vrai chef-d'oeuvre se situe. Premièrement, si on se tient uniquement au film, on constate quand même que l'oeuvre du corbeau permet de faire ressortir tous les défauts des personnages et les éléments qu'ils tentaient de cacher à autrui. Pour cela, l'auteur de ces mystérieuses lettres peut être perçu comme une forme de catharsis aux maux que les êtres humains peuvent avoir et aux secrets honteux qu'ils cachent. Toutefois, un des personnages le dit très bien, personne n'est totalement blanc ni totalement noir. Il existe un juste milieu. Mais le corbeau n'a pas qu'une fonction positive puisque par son intervention il se rend coupable d'un suicide d'une personne et de la destruction morale de certains. Bref, le corbeau est bien entendu important, il influe sur la vie du village en la modifiant profondément et on ne le voit pas du tout avant la fin. Et encore, Clouzot se montre très habile sur la fin car si le coupable est trouvé, pouvons-nous en être sûr? Un des personnages ne dit-il pas que tous les hommes sont fous?
Mais cela n'en fait pas encore un chef-d'oeuvre. C'est ici qu'intervient la seconde lecture du film. Nous sommes en 1943 lorsque Le corbeau sort. La France est évidemment occupée par l'Allemagne. La rafle des Juifs, l'atmosphère de dénonciations envers le peuple juif ou les résistants qui pouvait régner ou encore la méfiance envers autrui est ainsi retransmise dans l'oeuvre de Clouzot.
De la sorte, le cinéaste nous parle de la guerre, nous fait comprendre l'atmosphère qui pouvait régner en tant de guerre mais sans jamais la montrer, sans jamais l'évoquer ou y faire allusion. Sans oublier les risques de représailles que cela aurait pu engendrer pour Clouzot et toute l'équipe. A ce titre, c'est tout simplement du génie de parler de de ces choses, de dénoncer le comportement de certains alors que la situation n'était pas encore en train de s'arranger à ce moment. Cela tient simplement du génie.
Vous l'avez compris, Le corbeau est un chef-d'oeuvre à classer parmi les meilleurs films de votre collection. Une pépite à ne louper sous aucun prétexte.
batman1985
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le 6 mai 2011

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