Anonyme housse
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En pleine Occupation, on imagine bien les problèmes posés par Le Corbeau vis à vis de l'image qu'il donnait du peuple français... Et hop ! 2 ans d'interdiction...
Pourtant, un petit panneau d'introduction explique bien que cette histoire "peut se passer ici comme ailleurs." Henri-Georges Clouzot enchaîne avec quelques photographies campagnardes histoire de planter le décor, ce qu'il ne fera plus dans ce film. Après, la qualité de l'image ne sera clairement pas son point fort. Ceci dit, nous découvrirons un docteur austère, venant d'accoucher une femme qu'il réussira à sauver, mais pas l'enfant. On apprendra par la suite qu'il ne s'agit pas d'une première, et que cet homme a un passé personnel très en rapport avec ce "résultat." Un avorteur ? Clairement, ce moustachu solitaire, assez sinistre et "traînant après lui-même", a d'abord tout de celui auquel aurait pu faire référence le titre du film.
Mais ce fameux "corbeau", c'est le personnage s'amusant à signer des lettres anonymes qui insultent la population du village à base de ragots et autres révélations peu reluisantes. Et il faut bien dire que la manière dont le réalisateur amène la plupart de ces lettres (enterrement, messe, etc.) s'avère particulièrement théâtrale, la population (que de bons acteurs pour l'époque) pouvant alors se refiler les informations en mains propres, avec une certaines délectation pour les plus sadiques d'entre eux. D'ailleurs, c'est "amusant", et très certainement voulu, de constater que les premiers suspects sont des femmes... Et bien sûr, la population ne cherchera pas à comprendre, suivant les premières suspicions comme des moutons... Ou comme des collabos, c'est selon...
Globalement, le scénario fonctionne très bien. On ne cesse de changer soi-même de suspect n°1. Même si pour le coup, le coupable faisait vraiment partie de mes premiers choix... Pour ne pas dire le premier. Au banc des accusés : une infirmière revêche ayant le malheur de s'appeler "Corbin", une malade imaginaire boiteuse, et je tairai la dernière... A noter à ce sujet la scène assez loufoque et décalée, même si peu crédible, de la dictée à base de "grossièretés". Enfin, on aura droit à une petite tirade sur le manichéisme qui à l'époque devait avoir une certaine portée.
L'épilogue quant à lui, s'il ne s'avère pas aussi fort que celui de Les Diaboliques, vaut vraiment le détour, avec notamment ce superbe dernier plan d'une ombre s'engouffrant tel un fantôme dans les entrailles du village. Un bon thriller donc, avec ses quelques moments forts, même si rien de transcendant me concernant...
7,5/10
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Créée
le 4 mai 2016
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