Le Corniaud par Incertitudes
L'année 1964 fut une année faste pour Louis de Funès. Trois films et trois cartons au box-office le faisant accéder au rang de super-star : Le Gendarme de Saint-Tropez (7,8 millions de spectateurs), Fantômas (4,4 millions) et Le Corniaud. J'ignore si ça s'était déjà produit et si ça s'est reproduit depuis.
Pourtant, dans ce film, il n'est pas encore en haut de l'affiche. Le nom qui intervient en premier sur le générique est bien celui de Bourvil et, mécontent du nombre de ses scènes dans le film, il s'en plaindra à Gérard Oury qui lui écrira la fameuse séquence de la douche dans le camping où il compare ses pectoraux à celui d'un baraqué. C'est du pur comique de geste : la scène du garage où il mime un mécano en est le parfait exemple. Un comique agressif proche du mime, quelque part entre Jerry Lewis et Charlot.
Le Corniaud est un road-movie où De Funès cherche à faire passer en douce de la drogue et des diamants dans une Cadillac. Comme chauffeur, il lui faudra un type honnête par excellence, susceptible de ne pas attirer les soupçons, qui sera Bourvil toujours parfait dans ce rôle de benêt au grand cœur. Même s'ils ont peu de scènes ensemble, on a déjà ce duo entré au panthéon du cinéma. Différent mais complémentaire : le petit fourbe et énervé (De Funès) par contraste au grand naïf qu'est Bourvil. Le Corniaud peut même être considéré comme un galop d'essai par rapport à la Grande Vadrouille qui restera le plus grand succès du cinéma français battu par Bienvenue chez les Ch'tis 40 ans plus tard. Un galop d'essai à 11 millions de spectateurs.