Mettez vous un instant à la place du russe moyen qui, il y a presque un siècle, se retrouve confronté à une oeuvre comme Le Cuirassé Potemkine... Sans aller jusqu'à le comparer à l'Homme Préhistorique découvrant le feu, quelle effet cela du avoir! Quelle fierté d'appartenir à la grande nation soviétique et à cette cheville prolétaire, qui se libéra si courageusement de l'oppression Tsariste. En somme, quel génie ce Serguei! A coups de techniques révolutionnaires, de scènes collossales, de figurants par milliers, il a su répondre présent à l'appel de Moscou qui lui commande ce film, pour relater les évènements d'Odessa du début de ce siècle, et qui marquera l'Histoire du cinéma à jamais. Qui peut oublier la séquence de l'intervention de l' armée tsariste qui surgit du haut de ces immenses escaliers : c'est la panique que Einsenstein retranscrit, c'est la peur, le désespoir, l'injustice, la souffrance et la haine... En enchaînant les gros plans, les mises en scènes judicieuses (scène du landeau) et les intertitres chargés de patriotisme, il réalise l'une des scènes les plus abouties et les plus étudiées du septième art.