Le film noir revu et boosté par De Palma

Considéré comme un raté de De Palma, The Black Dahlia se voit souvent reproché un manque de lisibilité voir une certaine opacité. Il amplifierait ainsi le caractère confus des écrits de James Ellroy, dont il est l’adaptation du roman Le Dahlia Noir (1987), calqué sur l’affaire du même nom. Il s’agit du meurtre non élucidé de Elizabeth Ann Short en 1947, jeune femme venue s’installer à Hollywood pour devenir actrice, découpée en deux et mutilée alors qu’elle avait à peine 23 ans.

Le Dahlia Noir est critiqué voir diabolisé parce qu’un cinéaste au style non conventionnel s’engage sur un terrain de prestige. Ce polar renvoyant aux films noirs et à l’Amérique fantasmée des années 1940-1950 est infiniment plus sympathique qu’un classique assermenté comme LA Confidential. La narration est peut-être trop touffue, mais elle n’est pas en faute par ailleurs. Assez rapidement, le scénario compte moins que le climat et les ressources qu’un film s’approprie : et à cela De Palma est très fort.

Il se dégage du Dahlia Noir la sensation de se débattre dans un rêve. Tout et tous sont suspects, sauf Josh Hartnett, l’ange corrompu tâchant de démêler le vrai du faux. On éprouve une grande solitude, dans un monde semblant en vase clos, où tout est en trompe-l’oeil à l’intérieur. Sous les apparences chatoyantes, d’autres encore ; et d’autres mensonges ou motivations troubles. De Palma transforme chaque élément en avatar d’une tragédie, allant-et-venant entre le délire, la sensualité et la grimace grotesque.

Il rend l’affaire parfois très drôle, comme avec cette séquence pittoresque où les deux parents de Hilary Swank se lâchent. Le charme s’exerce en continu et De Palma trouve un équilibre entre crainte du pire et attraction, mystère et explicite, racolage et noblesse (certaines évocations saphiques sont des préliminaires aux films de Maria Betty). Les personnages sont possédés, le final amalgame grand-guignol et classe opératique. Au pire, c’est un petit cousin de Snake Eyes et des Incorruptibles. C’est en tout cas Passion en plus sophistiqué.


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le 23 oct. 2014

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