Polar ou film noir typique de son auteur, dans son style unique et caractéristique. Gangsters et police mélangés, la barrière entre l’un et l’autre, est floue et aisément franchie. On sait très vite qui est le doulos, mais on n'arrive jamais à le cerner réellement. Une ambigüité assumée qui dure jusqu’à la fin, une histoire qui devient de plus en plus complexe qu’on perd le fil à un moment. Un chassé croisé entre hommes de main en imper et chapeau mou, c’est à qui ne fera pas l’erreur qui va le trahir. L’équation pourrait se résoudre ainsi : « Il faut que je tue celui qui m’a trahi, mais je ne sais pas encore qui c’est, faute de mieux, je vais me débarrasser d’un concurrent ou deux en attendant de retrouver ce cave !».
Des longs dialogues que l’on pourrait taxer de « pré-Tarentino », ils n’apportent rien, mais la sensation de mise à distance du spectateur, comme dans un rêve ou derrière une vitre à observer est flagrante. De la manipulation à l’état pur, une mise en scène à la fois réaliste, virile et affirmé et des situations typiques du polar bien noir. Du pur Melville, et on sent que certains s’en sont inspirés, hein Quentin ? Ce sacré Tarentino, il est cultivé quand même !
A réserver aux fans du genre et du maître, ce n’est pas mon préféré de Melville, mais ça se laisse regarder.