L’adaptation de Peter Jackson est certainement assez libre, ce qui pourra faire grincer des dents les fans inconditionnels de Tolkien. Force est de constater que je n’en suis pas… Elle est libre à plusieurs niveaux : 1) certains éléments ont été changés pour mieux rendre à l’écran, comme dans toute adaptation cinématographique ; 2) pour réussir à faire une trilogie d’un petit livre, c’est qu’ils ont rajouté pas mal de scènes et d’idées qui ne sont simplement pas chez Tolkien, ou du moins pas décrites en tant que telles ; 3) The Hobbit s’adresse au public qui a aimé The Lord of the Rings au début des années 2000…

Ça, c’est clair, hyper clair, voire un peu trop. En ce qui concerne les livres, J. R. R. Tolkien a écrit The Hobbit plus de quinze ans avant The Lord of the Rings. Alors que le premier était un livre pour enfants, le second a été l’occasion de développer un style et des thèmes plus adultes, correspondant à l’âge des anciens lecteurs du Hobbit. Or pour les films, c’est l’inverse : The Hobbit nous vient après sa suite… Du coup, pour ne pas perdre son public, Jackson s’est efforcé de garder un ton très proche de celui qui avait tant plu dans Le Seigneur des Anneaux, quitte à trahir le ton original de l’œuvre. C’est aussi la seule explication à l’intrusion inopinée de Frodon et d’un passage du Seigneur des Anneaux au début du film, l’histoire propre du Hobbit se présentant alors comme un flash-back. (OK, je l’avoue, cette intro était inutile ; mais Frodon était mon personnage préféré dans Le Seigneur des Anneaux… pourquoi je me plaindrais ?)

L’intrigue principale, pour celles et ceux qui, comme moi, n’y connaîtraient rien, traite d’un groupe de nains lancés dans la quête de leur ancienne résidence, une montagne occupée depuis plusieurs années par un dragon, Smaug. Ces nains sont menés par l’héritier du royaume, Thorin Oakenshield, et accompagnés d’un magicien, Gandalf, et d’un Hobbit, Bilbo. En chemin, ils feront toutes sortes de rencontres, dont celle de trolls et d’orcs/goblins auxquels ils devront échapper, sans oublier un passage chez les elfes à Rivendell.

Comme vous le voyez, ce n’est pas une intrigue très complexe à la base, mais le film bouche tous les trous possibles pour recréer une aventure à la hauteur de celle du Seigneur des Anneaux. Ainsi, aux absences injustifiées de Gandalf substitue-t-il une scène réunissant le “White Council“, ce qui permet aux spectateurs de revoir Saruman et surtout Galadriel, dans une histoire qui manque par ailleurs cruellement de personnages féminins. Parmi les autres ajouts propres au film, on trouve aussi le personnage de Radagast the Brown, un magicien auquel Tolkien ne consacre qu’une ligne dans The Hobbit !

Personnellement, j’ai adoré ce personnage. Le hérisson qu’il recueille au début est trop cute, et que dire de ces super lapins qui traînent son espèce de traîneau fait de branches ? Cela m’est bien égal que ce soit sorti de la tête de Tolkien ou de celle de quelqu’un d’autre : c’est juste hilarant et génial ! Des lapins qui courent plus vite que des wargs, man… Ça m’a fait penser au lapin-tueur des Monty Python, tiens. Sinon, l’apparition de Radagast est aussi l’occasion d’introduire un motif plus sombre qui n’était pas présent dans le livre : le Necromancer.

Je ne nie pas qu’il y a des passages dans le film qui rappellent un jeu vidéo ou un dessin animé de Disney (en même temps, The Hobbit était initialement pour les enfants, alors il faut savoir ce qu’on veut !). Mais qu’est-ce que ça peut bien faire, tant que c’est bon ? En fait, dès les premières images du film, qui montrent la façon dont Smaug s’est emparé de la montagne des nains, j’étais émerveillée… Alors que je lis finalement assez peu de fantasy, que je ne me considère pas généralement comme une fan du genre, j’ai ressenti la force d’attraction et de fascination que la fantasy classique peut avoir. Comme quand j’avais 14 ans (lorsque j'ai découvert La Communauté de l'Anneau au cinéma), je me suis retrouvée scotchée devant l’écran, sans chercher à analyser si ce que je voyais était profond ou subtil, juste… profitant de ce moment de magie qui m’était offert.

Un mot sur les acteurs : j’aime beaucoup Martin Freeman en Hobbit (allez-vous me dire que j’ai un faible pour les Hobbits ?). Gandalf (Ian McKellen) a encore vieilli par rapport au Seigneur des Anneaux, ce qui est paradoxal et rigolo, mais au final sans importance. Et Richard Armitage, que je connaissais juste de nom, réussit l’exploit inattendu de rendre un nain séduisant ! Et très royal, je dois dire… Vous comprenez, c’est la force de ce film, son étonnant pouvoir d’évocation : pas besoin qu’on te dise qui est le roi pour que tu voies qui est le roi, il est tellement bien fait ! Bref, je suis une fangirl inculte qui s’assume.
JeanneLaska
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le 12 mars 2013

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JeanneLaska

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