Kevin et Vanessa : une métacritique attendue (spoilers inside)

« Ca vaut quand même pas Twilight » - Vanessa

Parfois, le contexte dans lequel on voit un film est aussi important que le film en lui-même. Cette critique alternera donc la critique du film et des épisodes s’étant réellement déroulés dans une salle obscure, fin 2012.

J’étais au cinéma, attendant que Le Hobbit commence, quand je les ai vus entrer dans la salle. Lui, mal rasé, un peu plus de vingt ans, catogan de cheveux bruns et gras. Un Anneau unique porté fièrement en sautoir, un jean taché, un sweat ouvert sur un T-Shirt élimé du Seigneur des Anneaux. Le regard fier, il scrute la salle à la recherche de deux sièges libres et bien placés. Il y avait presque du mépris dans son regard – sans doute s’offusquait-il de voir que la plupart des spectateurs n’étaient pas de son clan, à savoir des caricatures de geeks grassouillets qui ne connaissent pas le shampoing. Pour les besoins de la critique, et comme j’ignore son nom, nous l’appellerons Kevin. Accrochée à sa main, elle, probablement à peine vingt ans, blonde à frange, micro-jupe, collants flashy, petite veste en jean et sac rose bonbon. Trop maquillée, évidemment. Appelons-la Vanessa. Un couple étrange, du genre un fanboy prétentieux et asocial avec une petite meuf de boite de nuit. Après d’âpres discussions sur quelles sont les meilleures places pour voir le film, ils finissent par s’installer sur les sièges pile devant moi. J’ai vite compris que j’allais rigoler.

Déjà, pendant la bande annonce du prochain Star Trek, elle s’est fait copieusement réprimander parce qu’elle a dit « encore un film de Jedi ». Kevin s’est alors fendu de deux minutes d’explications comme quoi ça n’a rien à voir, que c’est Star Trek et pas Star Wars, et que c’était « lamentable » de confondre. Silencieusement, j’ai pouffé sur mon siège. Je crois même avoir entendu Kevin couiner de plaisir à la vue de la bande-annonce de Hensel & Gretel : quiche hunters. Pendant que moi, j’étais affligé de voir les frères Grimm se faire souiller de la sorte…

Bref, le film commence. Après une scène d’introduction permettant de faire apparaître Elijah Wood/Frodon, on entre dans le vif du sujet : le Docteur Watson – pardon, Bilbon - fume tranquillement sa pipe dans son jardin. « Hihihi, il fume de la beuh ! » glousse Vanessa. « Chut » répond Kevin autoritairement. Gandalf arrive, scène de dialogue, blablabla blablabla, Bilbon se cache chez lui, Gandalf tague la porte de Bilbon et s’en va.

Quand les nains squattent chez Bilbon en chantant/dansant/rangeant la vaisselle, Vanessa a dit « mais je savais pas que c’était une comédie musicale ! ». J’ai pas entendu ce que Kevin a marmonné en réponse…

Un mot sur les nains. Monsieur Peter Jackson, pourquoi est-ce que certains nains ont une gueule d’humains (voire d’elfes pour certains) ? Alors qu’on sait que vous pouvez faire des vraies gueules de nains ? Même Vanessa a demandé à Kevin si c'était ça, des elfes... Kevin l'a renvoyé dans ses 22 avec un superbe "putain, c'est des nains, suis un peu, et laisse moi profiter au lieu de poser des questions !"

Deux scènes sont intéressantes : la capture par les trois trolls, et la rencontre avec Gollum. Deux scènes franchement réussies. Après, on peut déplorer un Radagast ridicule, des flash-back pas vraiment utiles, et des scènes de poursuite/bataille clairement moins épiques que dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. La faute à Peter Jackson, qui a à tout prix voulu faire durer un livre court en trois films de trois heures. Faut meubler. Et c’est pas forcément une réussite.

Au final, j’ai trouvé le film sympa, mais moins prenant que le SdA. Moins épique, clairement. Moins d’émotions, moins de rythme, moins de réalisme… Moins de tout, en quelque sorte… Peut-être que les deux suivants permettront de redresser la barre, mais j’en doute. Le principal intérêt reste la rencontre avec Gollum et la découverte de l’Anneau Unique, j’ai franchement peur de me faire ch… pour les deux films qui vont suivre.

Je terminerai par les commentaires de Kevin et Vanessa, à la fin…
« C’est trop bien ! »
« Ouais… Ca vaut quand même pas Twilight… »
« Groumph… »