A chaque fois que j'mate un film avec Steve, j'ai envie de hurler à quel point il est bon. Sa dégaine, son flegme, son sourire en coin, son petit air désabusé, l'alchimie parfaite pour un charisme qui ne connait pas son pareil. J'ai envie d'en jacter deux mots mais je m'en passe souvent, passant rapidement sur une légère frustration, un brin terrifié par la présence à l'écran de ce type... Pas pour rien que c'est à mon sens un des plus grands acteurs de tous les temps putain.

Pourquoi ? Parce qu'il respire à plein museau les personnages qu'il incarne, il transpire chacun de ses rôles à grands flots, dépassant de loin l'unique sujet principal écrit en petits caractères sur les quelques pages du script d'origine.
Dans La Grande Evasion, il est le sarcasme flegmatique, le solitaire indispensable, la frivolité moqueuse passant sur l'ensemble comme un souffle libéré aussi détaché qu’essentiel, cynisme provocateur à la limite du cartoon. Dans Bullit il feule comme un chat, ombre d'un prédateur acharné. Dans Guet Apens, éternel esseulé adulé, désiré, il suinte le sexe et crache la hargne. Dans Le Mans, il est possédé, posant ses roues sur un bitume qui ne connait ni victoire ni défaite, rien que la vie et la mort. Et c'est cette fureur de vaincre qu'il retrouve certes différemment dans cette démente partie de cartes. McQueen n'interprète pas un joueur de poker, il interprète la rage du sommet, la folie de la gloire, l'euphorie des cimes, agrippé à sa vie indécise comme un obscure félin fou à un rideau effiloché. C'est bluffant de véracité, poignant de vécu. McQueen joue McQueen.

Bien au delà de ses rôles, ce type émanait de sa propre personne, une bombe à retardement toute en déflagrations contenues et en éruptions adoucies. Sa vie, sa vocation, son chemin n'ont pas de réelle importance sur ce qu'il est. Seul l'instant éclatant, l'étincelle brûlante, à fleur de peau reste ce qui est vrai sur cet écorché vif, que ce soit l'acharnement pour la victoire, le funambule entre vie et mort, le jeu sinueux d'une séduction palpitante, la vengeance ou le repentir, ce type vivait chaque seconde de ses interprétations. C'est ce qui en fait un putain de monument aussi explosif assis à une table qu'au volant d'un prototype à 300km/h sur l'asphalte.

J'en ai rien à foutre du poker, et j'en ai rien à foutre des courses de bagnoles, mais ce mec là fait vivre un sentiment lancinant bien plus profond, un sentiment flirtant avec la mort, la perte de soi. Ça doit être ce qu'on appelle la rage de vivre.
zombiraptor
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le 8 déc. 2013

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zombiraptor

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