Pour sa première incursion dans l'animation, Patrice Leconte adapte l'oeuvre de Jean Teulé et nous plonge dans un monde neurasthénique régi par un humour noir et grinçant. Visuellement époustouflant, Le Magasin des suicides déçoit en revanche par sa frilosité scénaristique et sa fin trop gentillette.

Dans une ville où les gens n'ont plus goût à rien, la famille Tuvache et leur petite entreprise ne connaissent pas la crise. La boutique voit défiler de nombreux clients de passage à la recherche d'une mort simple et efficace. Mais la patronne vient d'accoucher d'un enfant qui est la joie de vivre incarnée. Au magasin des suicides, le ver est dans le fruit...

Parents attention ! Ce Magasin des suicides n'est pas à mettre à portée des plus petits. L'ambiance y est noire, triste et les suicidés tombent comme un jour de 11 septembre. Le générique place directement le spectateur dans le bain : un pigeon survole cette ville où le gris, la pluie et les mines défaites sont de rigueur. Les cadavres pleuvent, puis la dépression gagne le volatile qui, n'en pouvant plus, se supprimera. A l'instar des Noces funèbres de Tim Burton, le dessin animé donne une représentation chaleureuse de la mort. Tandis que la cité n'est composée que de couleurs ternes et froides, le magasin des suicides dispose d'une multitude de teintes colorées, faisant de ce lieu macabre le seul endroit où il fait bon vivre.
L'humour y est bien entendu noir et caustique. Les diverses recommandations du patron sont irrésistibles, chaque client ayant droit à une fin de vie personnalisée. Le sportif se tournera vers un hara-kiri, alors que le SDF se verra offrir un sac plastique et un bout de scotch. Le cinéaste ne se bride d'ailleurs pas dans le mordant et laisse à voir au spectateur des scènes surréalistes comme celle du père qui, exaspéré par la bonne humeur de son fils, lui propose une cartouche de cigarettes. Ecrit par Patrice Leconte lui-même les chansons sont tout bonnement exquises grâce à ses textes grinçants tel que " Si la crise vous défrise, rien de plus doux qu'une mort exquise". L'animation, elle, est magnifique, disposant d'un foisonnement de détails.

Hélas, au fil des minutes le film subit un petit coup de mou. La faute à une narration trop timorée et classique qui ne surprend pas vraiment. Avec l'arrivée de ce garçon respirant le bonheur, Le Magasin des suicides oublie un peu vite son esprit macabre et suit le chemin balisé des bons sentiments. La fin sous forme de happy end jure grandement avec le reste, causant le désappointement du spectateur. Malgré ces défauts, Patrice Leconte réussit sont entrée dans l'animation en réalisant ce Magasin des suicides drôle et morbide, dans la lignée des productions de Tim Burton.
claudie_faucand
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le 21 oct. 2012

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