ça devient difficile de noter les Lumet et très ténu de les classer. Entre Le gang Anderson, Le verdict, La colline des hommes perdus, The offence et Le prince de New York, il n'y a en fait pas de gros écueils. Ce sont tous des films réussis, très personnels et engagés, à apprécier selon sa propre sensibilité. En découvrant plus en profondeur Lumet, on ne peut que respecter ses choix artistiques jamais évidents qui en font un grand cinéaste de la réalité.

Danny Ciello est un jeune flic "caïd" des stups qui a infiltré tous les milieux de la pègre avec son équipe de quatre copains, non sans utiliser des méthodes peu démocratiques. Et en même temps, il n'y a aucun autre moyen de faire tomber des gros bonnets comme Danny le dit si bien. Après 11 ans de service, pris par une grosse envie de revenir à la source du bien qu'il l'a amené à devenir flic, lui dont la famille baigne dans la mafia, il commence à travailler avec les fédéraux en entassant des écoutes juteuses pendant plus de deux ans.

Mais quelle est la limite entre le bon et le mauvais côté lorsque l'on parle de relations si proches que personne ne sait plus où est la vérité et le bien fondé...? C'est le début de la descente aux enfers. Et 2h47, la descente quand même... Autant dire qu'il vaut mieux être motivé parce que dans la même veine très réaliste de The Offence ou Le verdict, Lumet accouche d'un film noir et pessimiste au possible qui baigne dans une ville grisâtre, des bureaux austères et autres coins lugubres et sans espoir. Volontairement, le film ne se centre pas sur les procès qui sont soigneusement esquivés par des procédés elliptiques assez malins, ni sur les méthodes mafieuses (aucun coup de feu, pas d'action). Sidney Lumet s'intéresse quasi exclusivement aux choix d'un homme aux nerfs très solides mis face à la réalité de son métier et emporté dans le flot de la délation.

Mise en scène discrète, le film est une descente douloureuse dans la réalité d'un flic qui a force de se remplir de remords ne sait plus du tout où il va ni à quel saint se vouer. Treat Williams est pas mal mais pour presque 3 heures, j'aurais préféré quelqu'un d'un peu plus nuancé. Il assure mais c'est pas la franche prestation éclatante non plus. Mais le film est ainsi, très rugueux voir laborieux, où rien n'est facile et tout le monde a de sales trognes. La situation plus qu'inextricable dans laquelle ces flics pas comme les autres évoluent est décortiquée de long en large petite couche par petite couche, étape par étape. C'est du scientifique au scalpel. Pour les amateurs de policiers bien noirs et réalistes, c'est de la solide "affaire infernale". Pour quelqu'un qui veut du suspense ou de l'amusement, euh, pas forcément conseillé non...
drélium
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes ...Le cas Lumet et °Chroniques de classiques

Créée

le 14 juil. 2011

Critique lue 871 fois

16 j'aime

1 commentaire

drélium

Écrit par

Critique lue 871 fois

16
1

D'autres avis sur Le Prince de New York

Le Prince de New York
guyness
8

Un duc indic ? Indigne !

Sidney Lumet (dans le reportage sur le tournage du film): "C'est un film sur la tromperie. Les bons se révèlent être affreux. Et certains des méchants bons. Ceux qui sont moraux se comportent...

le 5 déc. 2011

24 j'aime

5

Le Prince de New York
Docteur_Jivago
9

Héros ou Salaud ?

Huit ans après le remarquable Serpico, Sidney Lumet s'intéresse à nouveau à la corruption au sein de la police avec Le Prince de New York, adaptation du livre de Robert Daley, lui-même s'étant...

le 15 oct. 2018

23 j'aime

12

Le Prince de New York
drélium
6

Descente de flic

ça devient difficile de noter les Lumet et très ténu de les classer. Entre Le gang Anderson, Le verdict, La colline des hommes perdus, The offence et Le prince de New York, il n'y a en fait pas de...

le 14 juil. 2011

16 j'aime

1

Du même critique

Edge of Tomorrow
drélium
7

Cruise of War

Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...

le 23 juin 2014

202 j'aime

31

World War Z
drélium
2

Brade pire.

Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...

le 5 juil. 2013

180 j'aime

66

Requiem pour un massacre
drélium
10

Va et regarde la guerre

Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...

le 26 avr. 2011

175 j'aime

18