«Un film n'est jamais terminé ; c'est dans l'esprit du spectateur qu'il poursuit son chemin et que la graine, s'il y en a une, va commencer à germer ». Paul Grimault (Discours à Hiroshima le 18 août 1985)

Cela va faire plus de 13 ans que ce film poursuit son chemin dans mon cerveau droit. La graine a été plantée par un duo de génie (Prévert et Grimault) qui a réussit à transformer un petit conte fantastique (adaptation de "La bergère et le Ramoneur" d'Andersen) en fable-film-poème-tableau-essai politique intergénérationnel...

Quand à 10 ans je regardais ce film, ne comprenant ni le début, ni la fin, trouvant l'histoire grotesque et sans logique mais riant comme on rirait devant Guignol et me laissant bercer par de belles images sensibles, j'étais loin de me dire que des années plus tard, j'y penserait encore...

Ma scène la plus marquante reste celle de l'usine (rappelant une certaine scène pantomime chaplinesque...) ! On y découvre les rouages du royaume de "Takycardie", microcosme au bord de l'arrêt cardiaque puisque gouverné par un roi dictateur narcissique. Ce dernier, pour assurer sa propre subsistance, produit à la chaîne des reproductions de son portrait inquisiteur afin de surveiller les faits et gestes de ces sujets. Avilissement et démonstration despotique, l'enfant que j'étais s'amusait surtout de l'acharnement obsessionnel d'un roi pas mal fou et un peu moche pour cette production artistique de masse...

La scène finale elle aussi est digne d'un opéra de Verdi ! Apologie de la libération politique, apothéose de la création artistique, un tableau surréaliste (un Dali probablement) qui s'achève sur les notes d'un piano qui fait pleurer à chaque fois les âmes hyper-sensibles.

La force de ce film/dessin-animé, c'est qu'il ne ressemble à aucun autre. Une signature de Grimault, que j'aime reconnaître comme l'oiseau (impertinent, satirique, protecteur mais surtout libre) et qui nous offre avec son œuvre, la plus belle preuve qu'il faut continuer de lutter contre la standardisation des images et l'asservissement de la création artistique par l'Homme des "temps-(trop) modernes".
KarineH
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le 26 juin 2012

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