La souffrance encensée, c'est le mal pansé
Dans un théâtre isolé et assis,
un panel d'existentialistes et de polymathes érudits
s'interrogent sur le sens de leur histoire.
Ils sont dépourvus de vie,
ne se préoccupent pas des affaires humaines
jusqu'au moment où
une catastrophe les désempare.
Ils se trouvent, comme dans tous les Tarkovski,
Face à l'inconnu et Alexandre se distingue du lot
en remettant sa parole à Dieu (ou à un diable en pointillé).
Alexandre qui a toujours refusé le jeu (au profit du seul "je"),
lui pense qu'il faut croire
pour que les choses deviennent.
Il se plaint du manque de réalité,
il est anxieux, logorrhéique face à un enfant qui ne peut pas parler.
Devant l'enfant qui ne peut que recevoir,
cette parole est un cadeau justement,
un cadeau et un don. Mais alors,
quelle réalité et quel sens donner à la parole lorsqu'elle s'adresse à Dieu ?
Quelle réalité et quel sens donner à la prière ?
Il faut d'abord observer comment elle point et comment elle croît.
Elle croît pour faire face aux divagations, aux délires de l'existence,
car, entre nous, la vie est une absurdité.
Elle croît pour faire front à cette vie tyrannique,
à cette route fausse, dangereuse, fourbe, illusoire, irréelle.
Le sacré est-il le seul refuge pour se parer ? - c'est une question que je me pose.
Alexandre est conduit en ambulance après avoir prémédité l'incendie de tout ce qu'il possédait,
de tout ce qui le rattachait matériellement à l'existence. Le sacrifice comme manifestation du don de soi.
Comme pour la parole.
Nouvelle désillusion et révélation d'une imposture,
en réel et devant les personnes qu'il aime ; la disgrâce
devant celles et ceux qu'il ne voit plus.
Il me semble revenir en mémoire sur le tableau central du film,
ce tableau de Vinci où un mage offre de l'encens à l'enfant jésus-christ.
Il est un acte symbolique, une langue odorifère et baroque qui répand la grâce entre tous,
l'espace et qui a le don de prendre nos cinq sens.