Nous y voici donc. La grande bataille de notre temps... La conclusion épique tant attendue au Gondor !

Je ne crois pas que je vais faire très long cette fois, pour la bonne raison que j'ai déjà vidé mon sac dans mes deux précédentes critiques. Un point vital à souligner, cependant : c'est avec cet épisode final que la narration reprend pleinement ses droits. « Les Deux Tours » consistait (oui, au singulier) en une lente mise en place de toute la structure de ce troisième épisode. Les alliances, les forces à l'oeuvre, la caractérisation des personnages, les innombrables sous-intrigues parfois déjà initiées dans « La Communauté de l'Anneau » (mais qui, à la différence des « Deux Tours », constituait un tout pratiquement auto-suffisant)... tout cela prend seulement son ampleur maintenant, dans une sorte d'orgie de hauts-faits qui feraient passer l'épisode précédent pour un film « sacrifié », un brouillon de luxe, indispensable au sommet atteint par ce finale (avec un « e » oui, vous allez arrêter de m'ennuyer avec l'orthographe ?).

Chaque personnage devient enfin ce qu'il doit être, dans une logique de l'accomplissement simultané qui élève le niveau de jouissance du spectateur, fidèle depuis deux ans lors de la diffusion au cinéma, à un niveau quasi orgiaque. Seuls les habituels seconds couteaux Legolas et Gimli sont totalement passés à la moulinette, le premier se contentant de surfer de plus belle (ce qui me fait toujours rire, je l'avoue), le second n'ayant de cesse de devenir plus grotesque et casse-couille au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire (surtout dans la version longue). Une vraie honte vis-à-vis de la vision de Tolkien et de la noblesse des Nains, mais passons.

Ainsi, Aragorn passe tout naturellement du rôdeur au roi, et ce changement de perspective épouse évidemment la nécessité guerrière dans laquelle se trouve le Gondor, sa véritable patrie. Son discours devant la Porte Noire suivi de près par ses larmes pour Frodon pousserait à la bataille même un comateux tant la fusion entre le personnage et l'incroyable acteur fut parfaite tout au long de la trilogie. Oui, j'aime Viggo et je lui ferais volontiers l'amour si j'étais une femme...

Le roi Théoden n'est pas mal non plus dans le genre, Jackson lui offrant tout de même un dernier acte sublime, Eowyn est plutôt crédible en princesse-guerrière, Merry et Pippin prouvent qu'ils peuvent être utiles... Vraiment, à une ou deux exceptions près, il est difficile d'être déçu par les personnages (un Denethor un poil caricatural ? Allez, je vous l'accorde...).


Frodon et Sam, de leur côté, accèdent enfin aux plus beaux sites touristiques du Mordor. Le côté martyr du porteur de l'Anneau trouve seulement ici son utilité tandis que Sam... bon dieu, Sam ! L'ami parfait, le bonhomme moyen qui se transcende pour devenir le plus grand héros de toute cette trilogie ! Mais si, puisque je vous le dis: un jardinier, bordel ! Un gars qui n'avait jamais touché une épée et pour qui la plus grande bataille jamais menée était l’arrachage des mauvaises herbes ! Son combat contre la magnifique Shelob (j'aime les araignées géantes !), son geste héroïque quand, à bout de forces, il soulève Frodon pour le porter sur les pentes de la Montagne du Destin... Raaah, comment ne pas se prosterner, franchement ? S'il y a bien une critique que j'ai à formuler au sujet de Tolkien, et des auteurs de fantasy en général, c'est de toujours mettre en avant des Princes et des Rois. Comme si la noblesse de coeur allait forcément de pair avec celle du rang ! Le Seigneur des Anneaux répare enfin cette injustice grâce aux Hobbits et particulièrement grâce à Sam, qui n'est qu'un serviteur, rappelons-le.

Last but not least, les Champs du Pelennor... La bataille ultime. Des hommes, des orcs, des Nazgul, Gandalf le Blanc, des Oliphants, des Trolls, des Morts, Legolas surfant sur... hum. Enfin voilà, j'ai jamais rien vu de tel à l'écran et ne me faites pas rire avec l'évocation du gouffre de Helm ! Ici, la bataille est intelligemment constituée en plusieurs couches qui, non seulement sont toutes très différentes visuellement les unes des autres, mais qui en plus ne cessent d'en rajouter au niveau du gigantisme, de l'épique, sans jamais pourtant gaver le spectateur avec un trop plein d'action. Tout est parfaitement dosé avec un sens du rythme digne d'un chef d'orchestre. Non, aucun Ent pour venir interrompre la montée en puissance extatique, le condensé de tout ce qui fait que nous aimons la fantasy, mes frères ! Surtout que, au sein de ces gargantuesques agapes martiales se libère toute la tension émotionnelle accumulée en trois films. Chaque personnage est poussé dans ses derniers retranchements, tant physiques que psychologiques, et c'est cela l'essence même de l'épique !

Et que dire de ces multiples conclusions qui prennent le temps de raconter l'après-aventure ? Combien de réalisateurs s'ennuient avec ça, de nos jours, hein ? Si ça, ce n'est pas une preuve de l'amour de Jackson pour ses personnages... Non, « Le Seigneur des Anneaux » n'était pas seulement un film d'action. C'était un univers, il avait sa vie propre, même dans sa version cinématographique. Et les dernières minutes, consacrées à de superbes séparations, vous proposent de respirer au rythme d'un mythe qui ne peut jamais vraiment prendre fin...

Oui, j'ai été assez long, après tout.

Ma critique de la saga:

"Un Voyage Inattendu": http://www.senscritique.com/film/Le_Hobbit_Un_Voyage_inattendu/critique/10224236

"La Désolation de Smaug": http://www.senscritique.com/film/Le_Hobbit_La_Desolation_de_Smaug/critique/18255259

"La Communauté de l'Anneau": http://www.senscritique.com/film/Le_Seigneur_des_Anneaux_La_Communaute_de_l_anneau/critique/3963024

" Les Deux Tours": http://www.senscritique.com/film/Le_Seigneur_des_Anneaux_Les_Deux_Tours/critique/3963173
Amrit
10
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le 15 oct. 2013

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Amrit

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