Première vrai film de Jean-Pierre Melville si l'on ne compte pas " 24 heures de la vie d'un clown" qui fut renier par Melville.
Jean-Pierre Melville tourne le film sans l'autorisation de Vercors et fait un coup de poker en proposant un marché à celui ci. Il réunie d'ancien résistant plus Vercors et il leurs projette le film. Si l'un d'eux est contre, Melville promet de brûler son film. Le film fait l'unanimité et rentre dans l'histoire du cinéma français.
Ce film est important pour le cinéma français car il montre une autre voie que celle de la " Qualité française". Ce film devance de 10 ans ce que feront la " Nouvelle vague" . C'est un film auto-produit, sans budget ou presque, tourné en décors naturel.
Il fait un film "anti-cinématographique", en effet ce film raconte l'histoire d'un officier allemand devant se confronter au silence de ceux chez qui il loge. Devant ce silence, Werner Von Ebrennac se plonge dans des monologues où il projette sa vision d'une Europe unifié autour de la France et de l'Allemagne. On est loin du cliché du nazi sanguinaire. L'oncle et la nièce son face à un artiste raffiné plein d'illusion qui aime d'un amour sincère la France. Pourtant tout deux gardent le silence malgré le respect qui s'installe, voir l'amour entre l'Allemand et la nièce. Mais tout deux restent muet car ce qui est le plus fort c'est la résistance face à l'envahisseur même si l'envahisseur nous parait être un homme bon. Il faut savoir résister. D'ailleurs le livre de Vercors fut l'une des bibles pour tout les résistants durant la seconde guerre mondiale dont Melville en fit partie.
Techniquement ce film montre la maîtrise stylistique d'un Melville débutant qui n'en est pas un. Il joue avec la forme en introduisant une voix off qui n'est autre que l'oncle racontant ce que l'on voit ou entend et se rajoutant à la force de l'image. Par ce procédé on se retrouve happé dans les méandres de la psychologie de l'homme. Certains plans sont d'une beauté et d'une force incroyable comme lorsque l'on voit Werner pour la première fois ou alors celui de la cuisine avec la fumée en premier plan. Procédé emprunter à Orson Welles. La lumière de Henri Decae est importante, il joue avec le noir et blanc et rend le film dans une forme presque gothique. Ce film est fait avec des bouts de pellicule que Melville a acheté à droite ou à gauche. Du coup aucun plan ne dure plus de 40 ou 50 secondes. Il a monté son film sur le lit de sa chambre. De ce point de vue ce film est un exploit. Tout le film est un petit miracle.