Un nouveau film réalisé par Joe Carnahan est toujours une grande nouvelle pour les amateurs de cinéma de genre. Si en plus, il y a Liam Neeson et Frank Grillo dedans, il n'y a aucune raison pour que le film soit mauvais.
Pourtant, le film est à première vue un bête survival horror avec des loups anthropophages et des conditions climatiques apocalyptiques. Sauf que le film est bien plus que ça. Déjà, il est réalisé par un mec talentueux en diable, Joe Carnahan. Son crash d'avion est absolument éblouissant, avec le son qui sature pour encore plus de réalisme. La peur et le froid se ressentent dans le montage du film, avec certains passages fabuleux, comme la traversée dans les arbres, le meurtre du paria de la meute par Frank Grillo et le lever du soleil sur un blizzard et le triste destin de Burke. Quand à la façon de montrer les pensées des personnages sauvagement broyés par leur situation dans la neige (la fille de Talget se transformant en loups affamés, par exemple), elle est juste fantastique et savamment bien dosée. Elle magnifie un scénario très audacieux, régissant certes aux codes du survival horror évidemment, avec tous les personnages qui meurent un par un, mais auquel il ajoute une dimension philosophique plutôt passionnante, avec un poème qui revient souvent et toujours au bon moment, surtout dans la scène finale, poignante, terrible et pourtant magnifique sans oublier ce qu'il faut d'originalité (les personnages ne sont pas des badass et avouent avoir peur, le gros dur avoue lui aussi très vite).
Tout ceci serait bien vain s'il n'y avait pas les acteurs qu'il fallait pour assurer derrière. Eh bien, si Liam Neeson est parfait, égal à lui-même en quelque sorte, son supporting cast l'est tout autant, avec Dallas Roberts et Frank Grillo bien évidemment, mais surtout l'excellent Dermot Mulroney, qu'on aimerait vraiment beaucoup plus voir au cinéma. Tous ces éléments font de The Grey un film absolument passionnant et vraiment émouvant. Excellent. Un poil long, si on veut vraiment chercher la petite bête.