J'admire Bresson, mais en voyant ses films je me rends progressivement compte de ce qui m'empêche d'adhérer complètement à son art ; et c'est autre chose que l'aridité de l'oeuvre, ou alors c'est précisément cette aridité, mais ce en quoi tient réellement cette aridité - au-delà du jeu d'acteur éteint, des dialogues laconiques, de l'absence de musique, etc. Je crois ce qui rend ce cinéma difficile, en tout cas à mes yeux, c'est l'absence de mystère ; rien n'échappe à Bresson - pas un sourcillement des acteurs, pas un recadrage hasardeux - et donc rien n'échappe au spectateur. Bien sûr, il y a l'idée du "Less is more" mais je ne crois pas à ça, en tout cas pas un à "Less" qui serait géométrique comme un "Specific object" de Donald Judd. Alors oui je vois la beauté de la forme, qui a peu d'égales dans l'histoire du cinéma, je vois des visages fascinants, rendus fascinants par la caméra, je perçois la puissance des associations images/sons (comme cette seringue plantée dans le bras au son de la messe), mais il y a quelque chose qui m'empêche d'aimer vraiment ça, car toutes les choses chez Bresson - en tout cas dans ce film - ont l'air de ce qu'elles sont ; rien ne déborde - oserai-je dire "rien ne vit" ?

Neumeister
7
Écrit par

Créée

le 25 août 2016

Critique lue 698 fois

2 j'aime

Neumeister

Écrit par

Critique lue 698 fois

2

D'autres avis sur Le Diable probablement

Le Diable probablement
Jean-Mariage
9

Un chef-d'œuvre d'une force incroyable

« Ce qui m'a poussé à faire ce film, c'est le gâchis qu'on a fait de tout. C'est cette civilisation de masse où bientôt l'individu n'existera plus. Cette agitation folle. Cette immense entreprise de...

le 8 déc. 2018

6 j'aime

Le Diable probablement
ValM
2

Critique de Le Diable probablement par ValM

Alors là, on tient une daube de compétition. Si Robert Bresson a la réputation d'être un auteur exigeant, austère voir soporifique pour ses détracteurs, j'avais énormément aimé Un Condamné à mort...

Par

le 18 sept. 2014

6 j'aime

3

Le Diable probablement
Zogarok
7

Cinéma shoegaze

En 1977 la carrière de cinéaste de Bresson touche à sa fin, une vingtaine d'années avant sa mort – L'Argent sorti en 1983 étant l'exception. Avec Le Diable probablement, il se rallie à une jeunesse...

le 8 mars 2017

4 j'aime

Du même critique

L'Esprit de Caïn
Neumeister
9

Derrière les apparences

On a là un film étrange. Etranges aussi les réactions des spectateurs, qui apparemment ne veulent y voir qu'une série B ratée, indigne du réalisateur de Blow Out, alors qu'il s'agit selon moi de l'un...

le 8 mars 2014

14 j'aime

2

Inland Empire
Neumeister
10

Le film d'un rêve/Le mal est dans le reflet

On a beaucoup glosé sur le dernier film de David Lynch. Il faut dire qu'il venait après le triomphe - tout à fait justifié - de Mulholland Drive, le film total forcément difficile à réitérer. Lynch...

le 13 juil. 2023

12 j'aime

Nocturama
Neumeister
8

Inconséquence

Peut-être qu'il faudrait arrêter de se poser tant de questions, et s'en remettre à ce que le film propose et qui n'a pas besoin d'être interprété : la circulation des corps dans l'espace et dans le...

le 13 juil. 2023

11 j'aime

4