Quand j'étais gosse, j'adorais les 101 Dalmatiens, parce que il y a des dalmatiens, que les dalmatiens, ce sont des animaux, et que pour que je sois contente il suffisait qu'il y ait des animaux quelque part. Je pouvais alors adorer n'importe quel truc improbable. Les 101 Dalmatiens n'est pas un truc improbable. C'est un divertissement très bien maîtrisé, sans temps morts, où humour et tension sont parfaitement dosés. Pas aussi remarquable que quand j'étais enfant cela dit, mais tout de même agréable, un bon petit Disney, l'un des derniers avant une longue série de films moyens et l'âge noir...


Les 101 dalmatiens signent un virage dans la définition du style graphique de Disney. Après l'échec de La Belle au Bois Dormant et le gouffre financier qui s'ensuivit, l'heure est à l'économie. L'utilisation d'une sorte de photocopieuse, la Xerox, est utilisée, permettant de réduite coûts et heures de travail. Le résultat : une modernisation certaine du graphisme, immédiatement reconnaissable, qui deviendra une marque de fabrique, une véritable signature du studio. Mais ce style signe tout de même un certain appauvrissement du dessin. Des murs vides, de simples aplats de couleurs, quelques tâches, suggèrent un décor, particulièrement les interieurs qui frappent par un aspect "brouillon" qui m'a gêné. Définitivement oublié, le sens du détail de "Blanche-Neige", le réalisme magnifié de "Bambi" ou l'audace de "La Belle au Bois Dormant" ! Ici, on a affaire à des fonds allant du bon au passable, sans que l'aspect visuel ne nous transporte. Cet aspect est un peu moins dérangeant dans les extérieurs, qui ont été plus travaillés, et qui ne pêchent que par un aspect "carbone" très marqué lors des déplacements de la neige. L'aspect visuel est heureusement contrebalançé par la capacité toujours immense de Dinsey à savoir habiter ses personnages animaux, à travers une animation toujours impeccable et soignée, où, cette fois, la photocopieuse s'avère plus agréable, car chaque coup de crayon est ainsi marqué et l'on ressent véritablement le travail d'animation des artistes a chaque mouvement des personnages.


Les personnages justement, parlons-en. Comme dans beaucoup de films Dinsey, personnages secondaires et méchants sont plus intéressants que les personnages principaux. Ces derniers ne sont pas désagréables, mais ils restent extremement lisses, ce qui, permettant l'identification, fait perdre un intérêt majeur pour les adultes. Ainsi, que ce soient les deux humains ou les deux chiens, les couples principaux sont typés dans le rôle qui leur est classiquement et traditionnellement dévolu : les hommes mènent les choses, les femmes suivent et s'inquiétent. Perdita prendra un peu plus de courage vers la fin, mais elle est loin d'avoir un role actif. Quant a Anita, elle est totalement aveugle à la méchanceté de Cruella ... Les chiots, eux, sont craquants comme tous bébé, mais leurs caractères restent lisses ou typés, peu travaillés (bon, en même temps, il y en a 99...). A contrario, les autres animaux, en premier lieu le Colonel et le Sergent, sont irrésistibles, à cause du renversement de leurs rôles, opposant un colonel gateux mais qui garde le commandement à un sergent (chat) qui, lui, se monte plus réfléchi et malgêtout, obéit. Horace et Jasper sont des idiots, mais apportent un humour certain aux enfants que la situation d'enlèvement pourrait inquiéter. Mais la palme revient incontestablement à Cruella d'Enfer. Vicieuse, cruelle, hystérique, c'est une méchante savoureuse et parfaitement réussie, que ce soit dans son attirail excentrique ou ses manières. L'une des plus grandes réussites de Disney se trouve dans ce personnage dont l'égocentrisme est impressionnant.


En revanche, le rythme de l'animé ne souffre pas de critiques. Parfaitement maîtrisé de bout en bout, il n'y a ni temps morts, ni maladresses dans le déroulement de ce récit. Mettant en scène un thème au final assez délicat à aborder, soit l'enlèvement d'enfants, il se suit avec une excitation parfaitement réelle (ce qui m'a surpris, d'ailleurs) dans les moments d'actions. Quelques incohérences parsèment ici ou là le film (le trou par lequel les chiots s'échappent : personne n'a donc pensé à le boucher avant ?), mais ne gachent pas vraiment le plaisir. Ces moments de tension sont intelligemment coupés avec des scènes plus humoristiques, un humour souvent bien sympathique réunissant toutes les générations. La première scène, jouant sur les stéréotypes des maitres ressemblant à leurs chiens en est un exemple... Walt Disney et ses comparses excellaient dans l'alternance des émotions, et nous le prouve encore une fois avec ce film, auquel manque peut-être, pour être parfait, une touche d'émotion. Cette histoire agréable est enfin soutenue par une musique, un brin jazzy, tout aussi agréable, à laquelle ne manque que des chansons marquantes ("Cruelle Diablesse" étant la seule à tirer son épingle du jeu) et une capacité à rester dans le coeur des spectateurs.


Les 101 Dalmatiens est un bon divertissement. Il signe déjà le déclin de Disney, mais fait passer un moment des plus agréables devant sa télévision, ni trop moralisateur pour les adultes, ni trop effrayant pour les enfants. Au fond, que demande-t-on de plus pour un Disney ?


P.S : excusez mon titre débile, c'est une réplique du film tellement improbable qu'elle m'a évidemment fait rire.

Presci1508
6
Écrit par

Créée

le 14 sept. 2016

Critique lue 292 fois

Presci1508

Écrit par

Critique lue 292 fois

D'autres avis sur Les 101 Dalmatiens

Les 101 Dalmatiens
Grard-Rocher
8

Critique de Les 101 Dalmatiens par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 17 novembre 2017.Roger Ratcliff vit seul dans son petit appartement de Londres avec pour tout horizon son piano sur lequel il compose des mélodies et son chien, un dalmatien...

47 j'aime

19

Les 101 Dalmatiens
Gand-Alf
8

La bande tâchetée.

Suite à l'accueil décevant qu'a rencontré "La belle au bois dormant", projet ambitieux qui aura coûté une couille aux studios Disney, il est décidé de ralentir la cadence, de stopper momentanément la...

le 13 déc. 2013

44 j'aime

2

Les 101 Dalmatiens
Walter-Mouse
8

Cruelle Diablesse

Au risque de déblatérer une théorie fumeuse, il est intéressant de faire un retour en arrière, précisément en 1959, et d'étudier la réception de deux productions Disney sorties durant l'année et...

le 27 sept. 2017

36 j'aime

7

Du même critique

Robin des Bois
Presci1508
5

Niquedouille

Robin des Bois a très souvent une place particulière dans le coeur des gens. Il est vrai que c'est un film amusant, frais, aux dialogues savoureux, avec un rythme bien maîtrisé. C'est un...

le 5 oct. 2016

7 j'aime

1

Merlin l'Enchanteur
Presci1508
4

Cherche enchantement...

Merlin l'Enchanteur n'a jamais été un grand Disney pour moi. Si le film est sans doute très divertissant pour des enfants (les transformations, l'humour omniprésent, le gentil heros lisse permettant...

le 22 sept. 2016

7 j'aime

Atlantide, l'empire perdu
Presci1508
3

Cataclysme

"Atlantide" est issu du même état d'esprit qui avait vu naître "Kuzco" et "Dinosaure" : un désir, venant des studios Disney, de se renouveller et de proposer quelque chose de différent, rejetant...

le 7 févr. 2017

6 j'aime