Avec Bertrand Blier, on est certain de voir un film quelque peu inhabituel, et celui-là mérite la Palme, en plus d'être très osé ; parler des acteurs, ni plus, ni moins.


Excepté deux acteurs (dont Josiane Balasko, qui s'appelle dans le film .... André Dussolier !), tous jouent leurs propres rôles, et c'est au fond une mise en abime des acteurs, de leurs manies et surtout de leurs angoisses, aussi bien professionnelles que personnelles.
Entendre Jacques Villeret assumer son alcoolisme est touchant (il en mourra quelques années plus tard), Jean-Claude Brialy qui s'auto-proclame l'ami des stars, c'est rigolo (en plus de sa relation improbable avec Pierre Arditi), ou Josiane Balasko dire que Josiane Balasko est une salope, c'est poilant, tout comme la présence de Depardieu, dont on se demande si il s'est encore cassé la gueule en moto.
Mais il y a quand même des moments émouvants, car si le casting est absolument vertigineux, Bertrand Blier n'oublie pas les morts ; ainsi, Alain Delon apparait un court moment pour évoquer la mémoire de Jean Gabin et de Lino Ventura, Claude Brasseur qui a une conversation téléphonique imaginaire avec son père, et l'apparition finale de Bertrand Blier qui conclut le film de façon bouleversante, car en parlant au téléphone avec son père, ses derniers mots sont ceux non pas d'un technicien de cinéma, mais d'un garçon à qui son papa lui manque terriblement.


Le film est composé de plusieurs petites saynettes, il n'y a pas vraiment d'intrigue (à part une seule où Jean-Pierre Marielle demande plusieurs fois qu'on lui serve un pot d'eau chaude), c'est vraiment un hommage aux acteurs, d'ailleurs tous d'âge mur (au moins la quarantaine), auquel Blier leur propose de se caricaturer (comme la gueulante de Michel Piccoli, qui ne peut que renvoyer à du Claude Sautet), ou à carrément établir une forme d'épitaphe, comme Jean-Paul Belmondo qui nous expose carrément sa philosophie de sa vie, à l'image de ce qu'il a été.


Du fait de la quasi-absence d'intrigues, on peut décrocher un peu (la présence de François Berléand, autre acteur à ne pas jouer son propre rôle), un public peu cinéphile peut se sentir désintéressé car il a l'impression de se sentir sur le côté, mais c'est du Blier pur jus ; on n'aime ou on n'aime pas, mais ce film-là est un tel chant d'amour aux acteurs, aux grands, que l'on ne peut qu'adhérer !

Boubakar
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le 7 août 2012

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