Un chef d'oeuvre technique, mais un scénario défaillant, trop tourné vers l'action à l'américaine...

Avec Spielberg et Jackson aux commandes de l'adaptation des BDs d'Hergé, il était clair que le film ferait parler de lui. "Les Aventures de Tintin: Le Secret de la Licorne" s'avère être un chef d'oeuvre technique, tandis que l'aspect scénaristique – pourtant bien travaillé – tend fâcheusement vers une évidente américanisation!

Dans ce premier épisode des "Aventures de Tintin" – car il y aura bien entendu des suites – le fameux jeune report à la houpette et son chien Milou se lancent dans une aventure bourrée d'enquête, de mystères et d'action. Le film mélange en réalité trois BDs de Hergé : "Le Secret de la Licorne", "Le Trésor de Rackham le Rouge" et également "Le Crabe au Pince d'Or" pour marquer la rencontre entre Tintin et le Capitaine Haddock.

Au début du film, Tintin achète la maquette d'un bâteau appelé la Licorne, apparemment fortement convoitée. Il va alors se mettre à enquêter sur l'histoire vieille de plusieurs siècles de ce navire, ce qui le conduira à rencontrer le captaine Haddock – dont l'ancêtre possédait la Licorne – et à affronter un certain Sakharine qui désire s'approprier la maquette, le tout avec l'aide de Dupond et Dupont, deux policiers maladroits.

C'est la première fois que Spielberg travaillait avec la 3D et les nouvelles technologies de la motion capture. Son film est une réussite du point de vue technique, tant les images ont été fignolées dans les moindres détails. De même, il fait un fort bon usage de tous ces outils techniques, car ils sont là pour renforcer l'expérience du spectateur et non pour lui en mettre plein la vue. Certains se plaindront du physique des personnages qui ne respectent pas toujours à cent pour cent les dessins de Hergé (un gros nez par ci, des trop petits yeux par là...) mais cela ne dérange pas du tout. Il est également assez étonnant de constater qu'aucun acteur ne ressemble à son personnage : Jamie Bell en Tintin, Andy Serkis en Haddock, Simon Pegg et Nick Frost en Dupondt etc. mais le principe de la motion capture avait déjà été démontré avec les films de Robert Zemeckis comme "Le Pôle Express" par exemple.

Le gros souci du film est qu'il souffre d'une américanisation fort évidente. Les scènes d'action sont on ne peut plus typiques des films d'action américains. De plus, l'animation permet ici de créer des scènes d'action encore plus incroyables. Les actions s'enchaînent tout au long du film, bien que – point de vue montage – cela ne dérange pas. Le souci est que ce côté "action" détache le film de la série BD et donne par la même occasion de nouveaux traits de caractères aux personnages. Quelques scènes marrantes ont été créées autour du personnage du capitaine Haddock, où l'on ressent bien l'humour américain (notons par exemple la scène où Haddock rote dans le réservoir de l'hydravion pour le faire avancer plein gaz ou encore la scène où il fait une brève description des membres de son équipage en train de dormir). Les scénaristes ont inventé beaucoup de scènes que jamais Hergé n'aurait placées dans une BD, comme par exemple la scène du capitaine Haddock qui tient un bazooka. Dans la séquence qui suit cette scène, le spectateur peut assister à une longue course-poursuite entre Tintin, Haddock, Milou, Sakharine et ses hommes, et un oiseau appartenant à Sakharine. L'action de cette scène ne ressemble en rien à ce que Hergé a dessiné.

Spielberg s'est également acharné à créer des ambiances de suspense (au début, lorsque Tintin enquête) et d'action qui ne collent pas toujours avec l'esprit des BDs, de même qu'à donner des personnalités aux personnages, point sur lequel Hergé ne s'attardait guère.

Le films dans son ensemble est cependant relativement bien réussi. On aurait pu espérer un thème plus inoubliable de la part du célèbre compositeur John Williams ("Star Wars", "Indiana Jones"...).
En fin de compte, le film est une merveille technique, le scénario est magnifiquement construit, avec des personnages magnifiquements bien présentés. Mais l'esprit des BDs originales "Tintin" n'est ici pas très tenu en compte, d'autant plus – encore une fois – que le style des films d'action américains et le style spielbergien prend (un peu trop) le dessus. Ce n'est cependant pas cet inconvénient qui m'ôtera l'envie de découvrir la suite des aventures!
Ciné-Look
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le 26 mai 2014

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