Si vous allez voir un film de Luc Besson, de deux choses l'une.


Soit vous avez encore foi en l'humanité parce que vous venez de revoir
Léon et Subway, soit vous participez activement à son extinction en
ayant forcé votre petit frère à regarder Arthur et les Minimoys 5 fois
de suite, et infligé à votre moitié Jeanne d'Arc. Quelque soit la
situation, vous êtes de ceux qui savent qu'un film Europa Corp, c'est
toujours l'assurance d'un grand huit émotionnel. Luc B. nous aime
bien, mais soyons honnêtes, il préfère nos portefeuilles. Luc B.
s'assure donc que nous venions voir en masse son nouveau bébé Les
aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec en balançant la sauce
kebab dans la bande-annonce. Des effets spéciaux qui font tachycarder
le spectateur moyen + les seins de Louise Bourgoin = le million de
spectateurs garanti après un mois d'exploitation.


Pourtant, le choc est rude. Je rentre dans la salle en m'attendant au
niveau d'un film pour enfants, un peu cucul mais divertissant. Et là,
THE HORROR, dès les dix premières minutes : l'ensemble semble être une
gigantesque erreur de casting. Voire une erreur de la nature.


Ne soyons pas vachards, énumérons d'abord des points positifs : Paris
en 1911, saybo. Il y a des calèches, des lampadaires d'époque, des
vendeurs de journaux à la criée. Des monsieurs avec des favoris et des
redingotes, des madames avec des plumes et des robes à crinoline. Et
aussi des ptérodactyles. Oui, oui, vous avez bien lu. Bref, en Egypte
c'est la classe aussi, les dunes et les tombeaux sont impressionnants
(c'est l'Egypte, quoi) et les chameaux sont sympas.


Voilà pour le positif. Passons maintenant au LULZOR.


En Egypte, les guides touristiques sont des babtous grimés au cirage à
chaussures noir sur le visage pour faire local. Ils parlent avec
l'accent du 15e parisien en surjouant les clichés racistes et
néo-colonialistes pour apprendre l'inégalité des races aux enfants
venus voir le film. Mathieu Amalric fait une hideuse apparition de 43
secondes chrono, toutes dents en plastique dehors, en tant que
menaçante Nemesis de l'héroïne. Dommage qu'on ne le voie plus ensuite
de tout le film.


Parlons de l'histoire (sic). Adèle est journaliste (même si on ne la
voit pas tenir un stylo durant deux heures, elle est journaliste web
cherche pas), théoriquement ronchon, pince sans-rire et cynique, qui
parcourt le monde à la recherche d'un moyen de sauver sa sœur, victime
d'un accident funeste qui l'a transformée en légume. Elle décide donc,
en toute logique, de faire ramener à la vie par un savant fou une
momie égyptienne médecin qui pourra la sauver. Lol. Nous n'avons pas
lu la bd de Tardi mais nous avons entendu deci delà qu'elle était
également empreinte d'une sensibilité qui la rendait attachante. Ici,
que nenni. Nous touchons au point sensible de l'affaire : Louise
Bourgoin livre une prestation d'actrice tout à fait catastrophique.
Empâtée dans ce rôle pas fait pour elle (Sylvie Testud aurait bien
mieux convenu, mais les seins de Sylvie sont moins bankables), la
pauvre hère récite de sa voix aiguë si caractéristique d'infâmes
dialogues sur un ton agacé et monocorde. Alors Louise, il faut que tu
le saches, on t'aime. Sur Canal, tu étais un genre de Yann Barthès au
féminin, drôle et craquante à la fois, telle un maltesers. Ici, et
depuis ton départ, tu te casses la gueule car, permets-nous de te le
dire en toute amitié, TU N4ES PAS UNE ACTRICE. Le métier ne demande
pas seulement d'être bonne et drôle, le métier demande de savoir
interpréter une personnalité autre que la tienne sans te coller un
masque grimaçant sur la gueule, le métier demande de la créativité et
de l'inventivité, le métier demande une intelligence et une
sensibilité de jeu que tu ne sembles pas posséder. Balancer des piques
cyniques sur le ton de ma petite sœur qui fait un caprice à Auchan au
rayon Kinder n'est pas ce que le métier demande. Être une
insupportable peste qui manque de respect à tous les personnages
n'aide pas à ce qu'on s'attache sa quête. Et surtout, narrer, les
larmes dans les yeux, un ridicule accident de tennis durant lequel ta
sœur s'est planté une broche dans la tête... je... ah euh laisse tomber.
Bisous, Louise.


Il faut dire que le scénario semble avoir été écrit par le
ptérodactyle en images de synthèse lui-même. Tarabiscoté et sans aucun
rythme, sûrement griffonné sur un bout de serviette un soir au
Fouquet's durant un repas entre Fabien Otoniente et Luc B., il ne nous
prend pas pour la moitié d'un con. Non, il nous prend pour les deux
moitiés du con. Le ptérodactyle arrive dans la place comme un cheveu
sur la soupe, et surpasse contre toute attente l'ensemble du casting
dans la drôlerie. Le casting étant : un mec de Caméra Café, un chauve
et Claude Lellouche en flic désabusé qui cabotinent à en faire mourir
un chihuahua de honte. Un jeune premier à fausse moustache qui
frisouille et accent pseudo-ibère ainsi qu'un vieux chauve à couperose
et veines saillantes complètent le tableau. AH NON, J'AI OUBLIE
JEAN-PAUL ROUVE DIDONC. Alors Jean-Paul il a de l'ombre à paupière
(Richard de Lost a relancé la mode du make-up yeux masculin, attention
ça arrive en France) et il fait n'importe quoi pendant strictement
toute la durée du film. Jean-Paul a une scène post-générique où il se
fait reluquer par deux gorilles. Jean-Paul abat le ptérodactyle d'un
coup de pétoire. Jean-Paul nous donne envie à tous de mourir foudroyés
par un arbre, si je devais parler comme dans le film.


Les effets spéciaux sont le gros argument de vente du film. Dégonflons
tout de suite le suspense : ils peinent à arriver au niveau des
trucages d'un film d'étudiant en première année de sinayma à Paris 3.
Comble de l'horreur numérique, la scène où Adèle chevauche le
ptérodactyle après avoir massacré l'air de « Mon truc en plumes » est
une abomination qui non contente d'avoir brûlé mes yeux au cinquième
degré, dure trois plombes et demi.


Vous avez bien compris que je vous conseille fortement ce film. Pour
bien sûr, alimenter vos feux de barbecue lors de vos soirées entre
amis. Vous pouvez également faire tourner vos µtorrent et le ranger
dans la catégorie « film bourré à regarder défoncé sarace », et
n'hésitez pas à nous laisser vos impressions, vous savez qu'on adore
ça.
Babymelaw
2
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le 2 mai 2010

Critique lue 4.1K fois

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7 commentaires

Babymelaw

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Lunem
1

Spoiler de qualitay: ouh, c'est vraiment mauvais.

Tout était priceless jusque dans les moindre détails: des fausses oreilles en papier mâché au sketch hilarant de la prison en passant par le tennis-drama. N'oublions pas le ptérodactyle façon grand...

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takeshi29
1

"Je la trouve tellement bonne.............................actrice."

Je ne m'attendais à rien et là je dois dire que le Besson m'a comblé. Je ne suis certes pas très client de ce genre de cinéma d'aventures mais il m'arrive d'être indulgent mais là ce n'est pas...

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